Bangladesh : une ONG dénonce le démantèlement "dangereux et polluant" de navires européens
L'ONG Human Rights Watch publie un rapport accablant sur les compagnies de transport maritime européennes qui envoient à la casse au Bangladesh leurs navires en fin de vie dans des chantiers navals dangereux et polluants, en contournant les règles de l'Union européenne. C'est un rapport choc qui décrit une réalité sordide sur tous les plans avec des conditions de travail inhumaines sur ces chantiers navals, une main-d’œuvre composée d'enfants à hauteur de 13% et qui sont employés aussi la nuit. Beaucoup d'ouvriers ont commencé à travailler dès l'âge de 13 ans. Cette main-d’œuvre misérable est mal équipée et mal protégée pour désosser les navires sur les plages.
Le rapport de Human Rights Watch cite les témoignages de certains ouvriers qui affirment devoir utiliser des chaussettes en guise de gants pour ne pas se brûler les mains quand ils découpent l'acier des coques, ils doivent aussi se servir de leur chemise pour se couvrir le nez et la bouche pour éviter d'inhaler des fumées toxiques. Les ouvriers, dont certains travaillent même pieds nus, manipulent des morceaux de navire qui contiennent de l'amiante, sans aucune protection adéquate. Évidemment, les accidents sont monnaie courante. Il faut savoir qu'au Bangladesh, l'espérance de vie des hommes employés dans l'industrie de la casse de navires est inférieure de 20 ans à la moyenne nationale.
Les compagnies maritimes se font attribuer des pavillons hors de l'UE
La législation internationale interdit l'exportation de navires en fin de vie vers des lieux comme ces chantiers du Bangladesh. Les bateaux immatriculés dans l'Union européenne doivent obligatoirement être recyclés dans des installations approuvées par Bruxelles, dans des chantiers qui respectent un cahier des charges sociales et environnementales. Évidemment, aucun chantier naval du Bangladesh ne répond à ces normes strictes. Mais ça ne pose pas de problème aux compagnies maritimes européennes qui contournent sans état d'âme la législation, révèle le rapport de Human Rights Watch.
Elles le font en utilisant des pavillons de complaisance d'un autre pays et se débarrassent discrètement de leurs vieux navires à bas coût. Cette combine, bien rodée, passe par des intermédiaires et des sociétés écrans qui attribuent un nouveau pavillon hors de l'Union européenne. C'est pourquoi avec ce rapport, Human Rights Watch tire la sonnette d'alarme et appelle au renforcement de la Convention International de Hong Kong pour le recyclage sûr et écologiquement rationnel des navires, texte qui doit entrer en vigueur en 2025.
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