Colère des agriculteurs : un accord de libre-échange entre l'Union européenne et la Nouvelle-Zélande ne satisfait personne
Mis à part les négociateurs et les responsables politiques des deux parties, ce texte entre l'Union européenne et la Nouvelle-Zélande ne semble satisfaire personne. Cet accord est tellement critiqué qu’on y voit même un point de convergence entre les revendications des agriculteurs et celles de défenseurs de l’environnement. Les producteurs considèrent que l’arrivée des kiwis, des pommes, du miel, du bœuf et de l’agneau néo-zélandais continuera de mettre en péril les revenus paysans. Pour les écologistes, c’est une absurdité puisque les échanges commerciaux vont bondir de 30% d’ici 10 ans et il n'y a pas besoin d’avoir fait polytechnique pour se faire une idée du bilan carbone de cette opération avec un pays à l'autre bout du monde.
Les fermiers néo-zélandais ne sont également pas satisfaits de cet accord, mais pour d'autres raisons. Ils auraient souhaité une plus grosse part du gâteau alors que la filière agricole néo-zélandaise exporte déjà 20% de sa production vers l’Europe. C’est son deuxième plus gros client et cet accord promet, à terme, 500 millions d’euros de chiffre d’affaires en plus pour la viande et les produits laitiers. Malgré ça, les éleveurs de Nouvelle-Zélande se considèrent lésés, comme l'explique, Sam McIvor, l'un des poids lourds néo-zélandais, dans l'exportation de bœufs et d'agneaux. "10 000 tonnes dans un marché qui en consomme 6,5 millions par an, c’est très décevant pour nous, dit-il. J’ai parlé avec 15 ou 16 représentants des États membres ces dernières semaines et ils considéraient tous que nos valeurs correspondent à leurs engagements sur le climat, l’environnement et le bien-être animal. Mais dès qu’on entre dans le dur des négociations, ça ne compte pas et ils n’offrent pas de vraies opportunités pour intégrer leur marché."
Un accord qui interroge même la Commission européenne
Les chercheurs de la Commission européenne ont publié, le 19 février, une étude qui alerte sur les risques de "concurrence accrue" pour certains secteurs sensibles, comme ceux du bœuf, de la volaille, du riz et du sucre. Ce sont des filières européennes qu'il faudrait plus protéger à l'avenir en négociant des droits de douane appropriés. Le timing de la publication de cette étude est parfait pour tenter d'apaiser la colère agricole, à quelques mois des élections européennes.
Cela relance le sujet du libre-échange, qui, dans l'état actuel des choses, apparaît comme un vieil outil libéral, incompatible avec les exigences actuelles de souveraineté et de respect de l'environnement. L'illustration d'une politique schizophrène, qui navigue entre protectionnisme et libéralisme.
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