Corée du Nord : Kim Jong-un, fort de ses alliés, devient de plus en plus menaçant

L’année commence tambour battant pour Kim Jong-un. Depuis le 1er janvier, il ne se passe pas deux journées sans que le régime ne fasse entendre sa rhétorique militaire. Vendredi matin, Pyongyang annonce avoir testé un "système d’arme nucléaire sous-marine" et comme à chaque fois avec Kim, difficile de déceler le vrai du faux.
Article rédigé par Olivier Poujade
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un visite le commandement de l'armée de l'air nord-coréenne le 30 novembre 2023. (남상현 / Yonhap News Agency/MAXPPP)

Comme d’habitude avec la Corée du Nord, tout repose sur une communication de l’agence de presse officielle. On voit quelques photos floues et une annonce péremptoire explique que le test de ce drone sous-marin nucléaire est un nouvel avertissement pour protester contre les exercices militaires menés conjointement cette semaine par le Japon, la Corée du Sud et les États-Unis, en mer du Japon.

Sur la nature de l’arme en question, il s’agit, selon Pyongyang, d’un véhicule sous-marin sans pilote doté d’une tête nucléaire, que les Nord-Coréens identifient comme le "Haeil" (traduction de "raz-de-marée"). Mais, encore une fois, il est impossible d’affirmer si c’est bien ce système qui a été testé, si l’essai a été concluant, bref, si cette nouvelle technologie nucléaire développée par la Corée du Nord est réellement opérationnelle.

Arme similaire en cours de développement chez les Russes

En revanche, on est certain que la Corée du Nord travaille d’arrache-pied pour développer ce type d’arme. Tous les spécialistes de la prolifération nucléaire affirment qu’elle a les capacités de le faire, en tout cas qu’elle s’en donne les moyens. Dans son discours au Parlement, l’automne dernier, Kim Jong-un a décidé d’intégrer à la Constitution une politique de développement rapide de l’armement nucléaire.

Cet objectif est d’autant plus réaliste aujourd’hui que le récent rapprochement diplomatique entre la Corée du Nord et la Russie a potentiellement accéléré la conception de ce drone sous-marin d’attaque. Un membre du Conseil international des physiciens pour la prévention de la guerre nucléaire, Tilman Ruff, a été interrogé sur une chaîne d’information indienne. Il a affirmé que "les Russes sont les seuls à disposer d'une arme similaire en cours de développement. Ils l'appellent Poséidon. C’est un système alimenté par de l'énergie nucléaire, qui présente donc le double danger d'avoir à la fois un réacteur nucléaire à bord et une ogive nucléaire." Il ajoute : "En quelque sorte, les Nord-Coréens, ont la volonté d’imiter l'exemple russe, même éventuellement avec l'aide de la Russie, c’est tout à fait possible. Et si ce drone n'est pas encore prêt, je ne doute pas que ce soit dans un an ou deux."

Gradation des provocations

Cela fait un moment que Kim Jong-un multiplie les provocations à l’égard de la Corée du Sud et des Occidentaux. On est habitué à ce discours belliqueux, presque routinier, du leader nord-coréen. Mais ces derniers temps il a très concrètement fait monter la tension d’un cran. Il a qualifié la Corée du Sud d’ennemie n°1 lors de ses vœux à la nation. Cinq jours plus tard, son armée tirait plusieurs dizaines d’obus sur une île du sud située à 5 km de ses côtes. Cette semaine, Kim Jong-un a décidé de dissoudre toutes les agences œuvrant à la réunification avec le Sud. Et puis il y a cette coopération de plus en plus active avec Moscou.

Grâce à la Russie, la Corée du Nord a pu obtenir une technologie décisive pour mettre en orbite son premier satellite militaire d’observation. Kim et Poutine vivent une parfaite lune de miel et le leader nord-coréen se sent pousser des ailes. Déjà protégé par Pékin, le rapprochement avec Moscou permet à Kim Jong-un de jouer avec le feu, de gesticuler et de provoquer en toute impunité.

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