Élections législatives en Thaïlande : l'armée reste en embuscade
À la veille des législatives du dimanche 14 mai en Thaïlande, le Pheu Thaï, parti d'opposition à l'actuel Premier ministre soutenu par l'armée, est donné largement en tête, mais les militaires n'ont pas l'intention de renoncer à leur influence. La Constitution de 2017 favorise de facto un candidat proche de l'armée thaïlandaise. Le Premier ministre est choisi à la fois par les 500 députés de l'Assemblée thaïlandaise et par les 250 sénateurs indirectement nommés par l'armée. L'actuel chef du gouvernement Prayut Chan-O-Cha est arrivé au pouvoir en 2014 à la suite d'un coup d'État qui a mis en place ce système électoral. Désormais un parti d'opposition doit disposer d'une énorme majorité, quasiment impossible à atteindre, pour espérer gouverner seul le pays.
Vers une coalition de l'opposition ?
Face au Premier ministre sortant soutenu par l'armée et qui fait campagne sur la stabilité de la Thaïlande, la candidate du parti Pheu Thaï s'appelle Paetongtarn Shinawatra. Elle a 36 ans. C'est la fille du milliardaire et ancien chef du gouvernement Thaksin Shinawatra renversé par un putsch militaire en 2006. Autant dire que la famille se méfie de l'armée thaïlandaise, même si l'actuel Premier ministre affirme que "les coups d'État ne doivent plus se reproduire." Le mouvement Pheu Thaï, souvent qualifié de populiste, est au plus haut dans les sondages. Un autre parti baptisé Move forward qui bénéficie également d'intentions de vote très élevées, se veut le porte-voix de la nouvelle génération. Il demande le changement de cette Constitution, jugée trop favorable aux militaires et à la monarchie.
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De forts enjeux économiques
Au-delà du choc entre les valeurs conservatrices incarnées par l'armée et les partisans d'une libéralisation du pays, les sujets économiques et sociaux prédominent. Après l'épisode du Covid qui a frappé la Thaïlande comme les autres pays de la région, les touristes sont de retour mais la deuxième économie d'Asie du Sud-Est peine à redémarrer. Avec quelque 2,6 % de croissance l'an dernier, ce qui est moins que le Vietnam, la Malaisie ou encore l'Indonésie, c'e chiffre reste insuffisant pour aider les 15 millions de Thaïlandais les plus pauvres. D'où les surenchères de promesses électorales dans un pays fracturé par les inégalités. Le gouvernement promet de tripler le montant de la carte d'aides sociales lancée en 2017. Le parti Pheu Thaï annonce le quasi-doublement du salaire minimum d'ici quatre ans. Il atteindrait 17 euros par jour.
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