Éolien, solaire... la Chine construit deux fois plus que le reste du monde, selon une étude
Avec des milliers de panneaux solaires qui recouvrent déjà le désert de Gobi, dans le nord de la Chine, des fermes d'éoliennes qui s'étirent sans fin dans la région voisine du Gansu, Pékin met les bouchées doubles, voire triples, pour passer au vert. Un chiffre pour l'illustrer : presque deux tiers des nouvelles capacités solaires et éoliennes construites en 2024 dans le monde sont situées en Chine. Selon le décompte de l'organisme américain Global Energy Monitor, publié jeudi 11 juillet, Pékin va ajouter, rien qu'en 2024, 340 gigawatts de capacité électrique produite par le vent et par le soleil. C'est autant que les capacités totales de toute l'Europe construites jusqu'à aujourd'hui pour l'énergie solaire.
Si la Chine opère ce tournant, c'est d'abord parce qu'elle a besoin de toujours plus d'énergie. La Chine compte 1,4 milliard d'habitants et des industries qui exportent dans le monde entier. Et même si l'économie chinoise a subi un ralentissement lié à la crise sanitaire, elle maintient une forte croissance : +5% en 2023. Elle reste donc très gourmande en électrons. D'ailleurs, il y a un tel appétit que la Chine développe le renouvelable, mais aussi les autres types d'énergie comme le nucléaire ces cinq dernières années : onze gigawatts supplémentaires sur cette période, c'est plus que tous les autres pays du monde réunis. Ensuite, la Chine peut se permettre ce tournant des renouvelables parce qu'elle dispose de champions en la matière. Les filières clés sont dominées par des entreprises chinoises (panneaux solaires et batteries au lithium). Il y a donc à la fois le savoir-faire et les économies d'échelle.
Se présenter comme un acteur majeur face au défi climatique
Historiquement, l'économie chinoise est très dépendante des énergies fossiles, pétrole, gaz, mais aussi et surtout charbon. Il représente encore aujourd'hui 60% du mix énergétique chinois, selon l'Agence internationale de l'énergie. D'où un double enjeu, d'abord de santé publique pour tenter de dissiper les épais brouillards de pollution qui règnent sur les métropoles chinoises, mais aussi un enjeu politique.
La Chine a annoncé l'objectif de stabiliser ses émissions de CO2 d'ici 2030, dans six ans, et d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2060. Cela, pour afficher sa capacité à mener cette transition. Les énergies renouvelables permettent à la fois d'augmenter l'indépendance énergétique du pays et de se présenter politiquement comme l'un des grands acteurs mondiaux face aux défis du changement climatique.
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