États-Unis : Washington craint une attaque nucléaire russe contre ses satellites en orbite

Selon la presse américaine, les renseignements américains s’inquiètent d’un projet de fabrication d’une arme nucléaire spatiale par la Russie. Cette arme pourrait mettre en danger les satellites en orbite, en rendant muets leurs transmissions et leurs commandes.
Article rédigé par Valérie Crova
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le représentant du président du renseignement de la Chambre des représentants des États-Unis, au Capitole le 15 février 2024. (KEVIN DIETSCH / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

L'alerte a été donnée mercredi 14 février par l'Américain Michael Turner. Le président républicain de la commission du renseignement de la Chambre des représentants a évoqué des "informations relatives à une grave menace pour la sécurité nationale", menace qui aurait trait à la Russie. Il a demandé à Joe Biden de déclassifier toutes les informations relatives à ce danger, afin que le Congrès, le gouvernement et ses alliés "puissent débattre des actions nécessaires pour y faire face".

Cette annonce énigmatique a mis la presse américaine en ébullition et a ouvert la voie à toutes les spéculations. Des médias comme NBC ou CNN ont évoqué des "capacités militaires russes préoccupantes" sans donner plus de détails. C'est la chaîne CBS News qui a été la plus précise, tout en se basant sur des sources anonymes : la Russie aurait l'intention de placer en orbite une arme nucléaire afin de s'en servir contre des satellites américains pour les réduire au silence par le biais de radiations.

Des accusations infondées selon le Kremlin

Si tel était le cas, Moscou violerait le traité sur l'espace de 1967 qui interdit le déploiement d'armes nucléaires dans l'espace. La divulgation de cette information, qui n'a pas été confirmée, a contraint le porte-parole du Conseil national de sécurité de la Maison Blanche à être plus explicite jeudi. Il s'agirait bien d'une arme antisatellite développée par la Russie, mais il a refusé de préciser si elle avait une dimension nucléaire. John Kirby s'est contenté de dire qu'il n'y avait pas de menace immédiate. Il a aussi précisé qu'il ne s'agissait pas d'une arme pouvant être utilisée contre des êtres humains ou provoquer des destructions sur Terre.

Pour Moscou, ces accusations sont infondées. La Russie parle d'inventions "malveillantes", voire de "manœuvres" de Washington, au moment où le Congrès américain rechigne à adopter une aide de 60 milliards de dollars pour l'Ukraine (bloquée depuis plusieurs mois). Ces accusations pourraient ainsi faire pencher la balance en faveur du vote.

Une arme plausible

Mais une telle arme, dont l'objectif serait de détruire des satellites ennemis dans l'espace n'a rien d'extravagant. L'an dernier, un rapport d'un centre d'études américain, basé à Washington, avait évoqué le développement par Moscou d'armes pour "aveugler" d'autres satellites, sans pour autant s'en alarmer. Le débat autour des capacités spatiales de la Russie réveille en tout cas la peur d'une "guerre des étoiles" moderne. L'abandon du traité sur l'espace de 1967, auquel les États-Unis et la Russie ont adhéré, pourrait lancer une nouvelle course aux armements avec tout ce que cela comporte de risques d'une militarisation de l'espace.

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