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Gaza : qui est Mohammed Deïf, l’architecte des attaques meurtrières du Hamas contre Israël ?

L'ampleur inédite de l'attaque lancée par le Hamas samedi 7 octobre est confirmée par les 1 500 corps d'assaillants déjà dénombrés sur le sol israélien par l'armée de Tsahal. La riposte de l'État hébreu a commencé et va notamment concentrer ses recherches sur l'un des cerveaux connus de l'opération, un certain Mohammed Deïf.
Article rédigé par Olivier Poujade
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Une photo non datée montre Mohammed Deif, arrêté par la police palestinienne, selon un reportage de la télévision israélienne à la fin du 14 mai 2000. Chef de la branche militaire du Hamas, il est considéré comme le cerveau des attentats-suicides en 1996 et 1997 qui ont tué des dizaines d'Israéliens. (HO / AFP)

L’armée israélienne a affirmé que 1 500 corps d’assaillants du Hamas ont été identifiés sur le sol israélien depuis les attaques, ce qui confirme que plusieurs centaines de combattants ont pris part à l’opération de samedi 7 octobre. Ces attaques d’une ampleur inédite ont été coordonnées par les brigades Ezzedine Al-Qassam, la branche armée du Hamas et dirigée par un homme : Mohammed Deïf.

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Son nom de naissance est Mohammed Diab Ibrahim Al-Masri. Les services de renseignement israéliens pensent que ce général en chef du Hamas serait né dans les années 1960 au sud de Gaza, dans le camp de réfugiés de Khan Younis. Mais dès qu’il s’agit de Deïf, aucun militaire, aucun expert, aucun officiel ne se risque à affirmer quoi que ce soit et c’est probablement ce qui rend encore plus dangereux l’architecte de l’opération "Tempête Al Aqsa". Le mystère, le fantasme autour de Mohammed Deïf ont contribué à faire de lui l’ennemi public n°1 d’Israël depuis de longues années, et il est sans aucun doute l’objectif final de la riposte en préparation contre la bande de Gaza.

Un invisible toujours en mouvement surnommé "l'invité"

Ce personnage est si mystérieux qu’il n’existe en tout et pour tout que trois photos de lui, trois clichés authentifiés qui datent tous de plus de 20 ans. Mohammed Deif est le cauchemar incontrôlable de l’armée israélienne. Un invisible surnommé "l’invité", parce qu'il est contraint de dormir chaque nuit dans un lieu différent. Mais c’est bien sa voix qui a été identifiée samedi dans le message de revendication du Hamas : "À la lumière des crimes répétés contre notre peuple, de l’occupation rampante au mépris des lois et des résolutions internationales, aujourd’hui, la colère d'Al Aqsa laisse exploser la rage de notre peuple, de notre nation et la libération de nos communautés dans le monde. Le jour est venu de faire comprendre à notre ennemi criminel que son temps est révolu."

Dirigeant la branche militaire du Hamas depuis 2002, Mohammed Deïf a échappé plusieurs attentats. D’après l’armée israélienne, il perd en 2006 un bras et une jambe dans une attaque de F16, qui frappe le mauvais étage de l’immeuble où il se trouve. Plus tard, en 2014, lors d’une nouvelle tentative, il échappe au largage de cinq bombes anti bunkers, explosions auxquelles sa femme et son enfant de 8 mois ne survivront pas.

Un tournant dans la stratégie militaire du Hamas

Deïf est alors désigné comme cible prioritaire par Gideon Saar, le ministre de l’Intérieur israélien de l’époque. Il dit de lui que "comme Ben Laden, Mohammed Deïf mérite de mourir". C'est à ce moment-là que le Hamas accélère sa volonté de "changer de dimension" face à Israël, sous l’impulsion de Deïf, qui n’a jamais accepté le principe d’une guerre en pointillé, entrecoupée de cessez-le-feu.

La fabrique de roquettes, jusqu’ici artisanales, devient alors industrielle. Deïf est aussi à l’origine de la construction des tunnels de Gaza, base de la stratégie qu’il a toujours souhaité mettre en place. Une stratégie de guerre simultanée, aérienne et souterraine. Une stratégie à l’origine d’un succès militaire samedi 7 octobre, ayant provoqué jusqu’ici près de 1 000 morts côté israélien et presque autant côté palestinien.

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