Hongrie : le torchon brûle à nouveau entre les Européens et le hongrois Viktor Orban à cause d'une écharpe de football
C’est sans doute le dirigeant de l’Union européenne le plus controversé. Le Premier ministre hongrois Viktor Orban fait à nouveau des siennes. La tension est forte avec les Européens sur plusieurs sujets, à commencer par une histoire d'écharpe de supporter de football.
Le Premier ministre hongrois ne rate jamais une occasion de faire de la provocation. Sa dernière en date, c'était lundi 20 novembre au soir lors d'un match de football amical entre la Hongrie et la Grèce, Viktor Orban s'est présenté avec autour du cou, une écharpe qui arborait une étrange carte de la Hongrie. Pas avec les contours actuels de ce pays de 10 millions d'habitants mais avec ceux d'il y a plus d'un siècle, avant la Première Guerre mondiale. Autrement dit, celle de la "Grande Hongrie", qui comprenait des territoires aujourd'hui roumain, autrichien, serbe, slovaque, ukrainien.
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Cela ne doit rien au hasard. Viktor Orban conteste de longue date le traité du Trianon de 1920 qui avait réduit drastiquement le territoire de la Hongrie et privé de son accès à la Mer Adriatique. Les gouvernements des pays concernés ont tous protesté, en particulier l'Ukraine et la Roumanie, qui dénoncent des gestes révisionnistes. Les régions visées la Transcarpatie en Ukraine, et la Transylvanie en Roumanie, possèdent, c'est vrai de larges minorités hongroises. Mais les frontières sont fixées de longue date et intangibles. Orban minimise désormais l'incident, il répond qu'il était là pour un match de football, que le football ce n'est pas de la politique. Personne ne le croit.
Le rêve révisionniste de la "Grande Hongrie"
Au même moment, la Commission européenne durcit le ton avec la Hongrie. Ce dernier épisode a dû conforter Bruxelles dans sa détermination à engager le bras de fer avec Budapest sur le sujet central: le versement des fonds d'aide européens à la Hongrie. Pour la première fois, la Commission se dit décidée à tenir tête à Orban. Elle entend geler plus de 13 milliards d'aide à la Hongrie : six milliards au titre de l'aide économique post-pandémie de Covid-19, sept milliards au titre du budget habituel.
L'explication est simple, Budapest ne présente plus les garanties suffisantes sur le respect de l'État de droit et la lutte contre la corruption. Autrement dit, Bruxelles redoute que les fonds, une fois débloqués, n'aillent pas à leurs destinataires, mais plutôt dans la poche des obligés d'Orban. La Commission demande aussi au gouvernement hongrois de réformer son système judicaire afin que le pouvoir n'ait plus la haute main sur la promotion des juges ou l'attribution des enquêtes en cours. Ce levier financier est majeur pour Bruxelles : le gouvernement Orban a beau critiquer sans arrêt l'Europe, la Hongrie est en fait le premier bénéficiaire des fonds européens si on rapporte les sommes à la population.
Les menaces d'Orban
Mais Orban n'a pas dit son dernier mot. Le Premier ministre hongrois, qui est âgé de 59 ans, est un politicien très adroit et expérimenté. Il va donc utiliser tous les moyens de pression à sa disposition pour faire céder l'Europe. Il cherche à bloquer la nouvelle aide financière européenne de 18 milliards pour l'Ukraine. Son vote est indispensable : il faut l'unanimité. Il peut enrayer le projet de directive européenne sur la taxation des multinationales. Monnayer l'entrée dans l'espace Schengen de la Croatie, la Roumanie et la Bulgarie. Voire menacer ou faire menacer indirectement des entreprises européennes présentes sur le sol hongrois, en particulier des entreprises allemandes et françaises. Orban et les Européens sont partis pour s'écharper.
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