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Indonésie : trop peuplée et inondée, Djakarta ne sera plus la capitale du pays d'ici une décennie

Le pays va changer de capitale. Le chantier est évalué à plus de 33 milliards d'euros. 

Article rédigé par franceinfo, Louise Bodet - Édité par Thomas Pontillon
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une vue de Djakarta en février 2019.  (BAY ISMOYO / AFP)

La capitale d'Indonésie ne sera plus Djakarta d'ici dix ans. Le siège politique du pays va déménager. La décision a été prise par le président indonésien, Joko Widodo, en passe d'être réélu pour un second mandat. La raison de ce changement est liée à la ville : surpeuplée, congestionnée et inondée. Djakarta est devenue un véritable enfer.

Près de la moitié de la ville sous le niveau de la mer 

L'actuelle capitale, où vivent 30 millions d'habitants, figure dans le top 5 des villes les plus peuplées au monde. Elle est située sur la côte nord de l'île de Java, qui elle-même concentre 60% de la population indonésienne. Les embouteillages monstres coûtent chaque année sept milliards de dollars à l'économie nationale. Il y a aussi les risques de tsunamis, renforcés par le réchauffement climatique, le risque sismique et les inondations. Actuellement, 40% de la surface de la ville est en dessous du niveau de la mer. Et surtout cette mégalopole s'enfonce, car les nappes phréatiques sont pompées, le sol s'abaisse en moyenne de 10 cm par an. 

Si on sait où est l'enfer, le paradis indonésien, s'il existe, n'a pas encore d'adresse précise. La ville de Palangkaraya, sur l'île de Bornéo, au centre-ouest de l'archipel, serait pressentie. Les autorités locales ont déjà réservé 300 000 hectares de terrain. On parle d'un chantier qui va durer au moins dix ans et qui va coûter la bagatelle de 33 milliards de dollars.

Plusieurs exemples de changement de capitale 

Déménager une capitale, ce n'est pas une première et le succès n'est pas toujours au rendez-vous. En 2005, Naypyidaw, capitale perdue au milieu de la jungle birmane, est venue remplacer Rangoon. Un désert luxueux, doté d’immenses centres commerciaux, d’un stade gigantesque, d’une deux fois dix voies, la ville compte officiellement un million d'habitants mais dans les faits, elle est quasiment vide. La capitale en revanche est très facile à sécuriser, c'est ce que s'est dit à l'époque la junte au pouvoir.

Autre succès relatif, en Côte d'Ivoire pour Yamoussoukro. La ville était censée rompre avec le passé colonial mais n'a jamais supplanté Abidjan. Par contre, l'actuelle capitale du Nigeria, Abuja, compte deux millions et demi d'habitants, 42 ans après sa création. L'objectif à l'époque était déjà de désengorger Lagos, totalement surpeuplée. Tout aussi irrespirable, Kuala Lumpur en Malaisie a été abandonnée au profit de Putrajaya à 20 kilomètres au sud. Il s'agit d'un modèle environnemental, avec ses lacs et ses espaces verts. Enfin dans les années 50, c’est pour désengorger Rio de Janeiro et rééquilibrer le développement économique du Brésil que Brasilia a vu le jour. Un chef d'œuvre architectural en forme d'avion, à la blancheur immaculée, signée Oscar Niemeyer qui représente la quintessence de la capitale créée ex nihilo.

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