Cet article date de plus de six ans.

L'archipel des Palaos interdit la crème solaire pour sauver les coraux

Tous les jours, dans "Un monde d’avance", un coup de projecteur sur une actualité à l’étranger restée "sous les radars" et qui pourrait nous échapper. Aujourd’hui, direction l'archipel du Pacifique qui a décidé de prendre cette mesure radicale pour préserver l'environnement marin. Elle entrera en vigueur dans un an.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le président du Palau, Tommy Esang Remengesau, est à l'origine de cette décision. (ANDREW BURTON/POOL / EPA/GETTY IMAGES POOL)

C’est tout simple : interdiction de mettre de la crème solaire ! Voilà la décision de l’archipel des Palaos, dévoilée jeudi 1er novembre. Les Palaos, c’est un petit paradis sur Terre, au large de la côte est des Philippines. En gros vous tracez un trait nord-sud entre le Japon et l’Australie et vous vous arrêtez au milieu. C’est là que se trouve cet archipel de près de 400 îlots, le plus souvent minuscules. Sur un territoire marin gigantesque, 1 000 fois plus de mer que de terre. Et des sites de plongée sublimes au milieu de ces îlots couverts de verdure, des eaux turquoise, avec 400 espèces de coraux et 1 500 types de poissons dont le dugong, une espèce très rare.

Les ravages du tourisme

En 20 ans, le nombre de touristes a triplé aux Palaos. Ils étaient 150 000 l’an dernier, pour une population locale de seulement 20 000 habitants ! Ce sont essentiellement des Chinois, des Japonais, des Américains. Et bien sûr, quand ils se baignent, ils se couvrent de crème solaire. Problème : c’est établi, les composants de ces crèmes détruisent progressivement le corail. Pour le président des Palaos, ça suffit ! À compter du 1er janvier 2020, dans un peu plus d’un an donc, toutes les crèmes seront confisquées à l’entrée sur le territoire, avec 1 000 dollars d’amende à la clé pour les dissimulateurs.  

Un président "champion de la Terre"

Cet archipel est en train de devenir un symbole de la lutte contre la pollution marine. En 2009, les Palaos ont été les premiers à créer un sanctuaire marin pour les requins. Et maintenant, les trois-quarts du pays sont protégés en réserve marine, classés au Patrimoine de l’Unesco. C’est désormais la sixième réserve marine au monde par la taille, avec là encore de fortes amendes à la clé pour le braconnage des poissons.

Le président des Palaos a été désigné "champion de la Terre" par les Nations unies en 2014. Et l’an dernier, il a fait rédiger par les écoliers du pays un "serment" qui est désormais apposé sur tous les passeports à l’entrée sur le territoire. Voilà ce qui est écrit : "Je m’engage à protéger votre magnifique archipel, à marcher avec légèreté, à me comporter avec bienveillance, à explorer avec discernement." Les dirigeants des Palaos préfèrent donc voir le tourisme diminuer plutôt que de voir l’environnement massacré. C’est politiquement courageux, parce que le tourisme représente 75% des ressources du pays.

Pour l'instant, le cas des Palaos reste isolé. L’état américain d’Hawaii veut lui aussi interdire les crèmes solaires, à partir de 2021. L’Islande a également rédigé un serment. Mais on attend plus des grands pays. Par exemple l’Australie, dont la grande barrière de corail est en souffrance. 30% du corail y a disparu lors du dernier épisode de chaleur à l’été 2016. Et quiconque a la chance de connaître ce lieu extraordinaire, sait qu’on peut très bien plonger en se protégeant avec des vêtements, des combinaisons, plutôt que de se tartiner de crème solaire…

Consultez lamétéo
avec
voir les prévisions

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.