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La Chine s'engage à atteindre la neutralité carbone en 2060

L’annonce est passée un peu inaperçue lors des discours devant l’Assemblée générale de l’ONU. Elle est pourtant d’importance dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Article rédigé par franceinfo - Jean-Marc Four
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
L'allocution (à distance, Covid-19 oblige) du président chinois Xi Jinping lors de l'Assemblée générale des Nations Unies, le 22 septembre 2020 (BRIAN SMITH / SPUTNIK)

2060, ça paraît loin évidemment. Mais ça n’en est pas moins une annonce à forte portée symbolique effectuée en effet le 22 septembre par le président chinois Xi Jinping lors de son discours par vidéo devant l'ONU. Plusieurs associations de défense de l’environnement estiment que ce calendrier a le mérite d’être réaliste. Et il a aussi le mérite de redonner du souffle aux accords de Paris sur la lutte contre le réchauffement climatique.

Rappelons que l’Europe, elle, se fixe 2050, dix ans avant, pour le même objectif. La neutralité carbone, pour mémoire, ça veut dire que l’on parvient à compenser toutes les émissions de gaz à effet de serre, par un système permettant de capturer, de retirer de l’atmosphère ces gaz, le CO2 en particulier, dans les mêmes proportions. La Chine s’est engagée dans un développement massif des énergies renouvelables, qui représentent désormais 26% de sa production d’électricité. C’est désormais le 1er pays au monde pour l’hydroélectricité, avec notamment l’énorme barrage des Trois Gorges sur le fleuve Yangzi. Premier pays au monde également pour l’éolien ou le solaire photovoltaïque : dans les deux cas 30% de la production mondiale. Dans certaines zones de Chine, les champs d’éoliennes ou de capteurs solaires occupent des superficies gigantesques. Ajoutons la biomasse, et le nucléaire, également en essor, avec l’aide de la France sur les nouvelles versions d’EPR. Il y a donc bien une politique volontariste de la Chine.

Le charbon toujours omniprésent malgré l'essor des renouvelables

Cela dit, on est encore très loin du but parce que la Chine est à la fois le bon élève et le mauvais élève !  C'est même le plus mauvais élève de la classe, premier émetteur mondial de gaz à effet de serre. C’est la conséquence de son boom économique depuis 20 ans et bien sûr de la taille de sa population : près d’un milliard 400 millions d’habitants. C’est aussi la conséquence d’un recours massif au charbon, énergie fossile particulièrement polluante. La Chine est le premier producteur mondial, et elle a mis en place toute une nouvelle génération de centrales à charbon ces dernières années. Ces centrales thermiques représentent 65% de sa production d’électricité.

Donc, même si les énergies renouvelables se développent fortement, pour l’instant la situation continue malgré tout de se dégrader. La Chine pollue de plus en plus. Et le pic d’émission ne sera atteint que dans dix ans, en 2030. Evaluation là encore la nuit dernière du président Xi Jinping.  

Les Etats-Unis montrés du doigt

Il y a aussi un match à distance avec les Etats-Unis comme sur tous les sujets désormais. Ce même 22 septembre, lors de son discours transmis par vidéo à l’ONU, Donald Trump a bien essayé de dénoncer les violations environnementales effectuées par la Chine. Mais le fait est que ce sont bien les Etats-Unis qui se sont retirés des accords de Paris (ce sera effectif début novembre). Les Etats-Unis, 2ème émetteur de gaz à effet de serre au monde, se refusent à tout objectif dans la lutte contre le réchauffement.

L’annonce chinoise constitue donc une pierre dans le jardin américain. Une façon pour Pékin de dire que la Chine prend le sujet du climat beaucoup plus au sérieux que les Etats-Unis.  

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