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La Kumbh Mela, plus grand rassemblement religieux au monde, débute en Inde

140 millions de personnes sont attendues dans le Nord de l'Inde pour ce rassemblement purificateur qui a lieu tous les six ans et dure un mois et demi.

Article rédigé par franceinfo - Jean-Marc Four
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le premier jour de la Kumbh Mela à Allahabad, en Inde, le 15 janvier 2019. (PRABHAT KUMAR VERMA / MAXPPP)

C’est une fête hindouiste dont la traduction littérale est "la fête de la jarre". La Kumbh Mela va durer 50 jours, et les autorités indiennes attendent 140 millions de pèlerins ! Oui, vous avez bien entendu : 140 millions ! Pour donner une idée, c’est la population de la France et de la Grande-Bretagne réunis, c’est 40 fois le nombre de pèlerins à la Mecque pour le célèbre Haj ! Bref, c’est tout simplement gigantesque : un indien sur dix se rend à la Kumbh Mela… Et dès le premier jour mardi 15 janvier, ils devraient être près de 20 millions !  Ça se passe à Allahabad, dans la province de l’Uttar Pradesh dans le nord de l’Inde, dans les plaines situées en dessous des montagnes de l’Himalaya et du Népal. Le lieu est sacré, à la confluence du Gange et deux rivières, dont l’une a désormais disparu. Les experts religieux se querellent sur la récurrence de la fête : tous les six ou tous les 12 ans. C’est une question de configuration des astres. Mais dans les faits, la foule est dense tous les six ans. Pour un bain purificateur qui est censé vous laver de tous vos péchés.  

122 000 toilettes et 30 000 policiers

C'est évidemment une énorme opération logistique. Il y a plusieurs défis. Le premier est sanitaire : des centaines de milliers de tentes sont installées sur un terrain de 3 000 hectares. Avec 11 hôpitaux de campagne, 2 000 professionnels de santé, et 122 000 toilettes provisoires : il ne faut surtout pas souiller le Gange.   Deuxième défi : la sécurité. Il y a plus de 30 000 policiers mobilisés, avec des drones et plus de 1 000 caméras de vidéosurveillance. Il s’agit à la fois de repérer les menaces terroristes et de maîtriser les mouvements de foule : une bousculade géante avait fait 40 morts il y a six ans. Enfin troisième défi : les transports. Les pèlerins convergent de toute l’Inde, par tous les moyens disponibles : à pied, en voiture, en bus, en train, en avion ou à dos de chameau. Un nouveau terminal aéroportuaire a été construit, une nouvelle ligne de bateaux a été inaugurée pour relier Benares, et 300 km de route ont été asphaltés. Le coût total de l’organisation de la Kumbh Mela dépasse les 500 millions d’euros.

Une surenchère religieuse et nationaliste

Et le pouvoir a tout intérêt à ce que tout se passe bien parce que les élections générales approchent en Inde. Le vote va s’étaler d’avril à mai. Et le parti au pouvoir, le BJP de Narendra Modi, est lancé dans une surenchère nationaliste et religieuse en faveur des Hindouistes, majoritaires dans le pays. Il procède en particulier à des changements de nom des principales villes pour les "hindouiser" : par exemple Allahabad, où se déroule la Kumbh Mela, vient d’être rebaptisée Pranyagraj. Mais le scrutin n’est pas joué : en face le Parti du congrès, conduit par l’héritier de la famille Gandhi, est monté en puissance lors des derniers scrutins régionaux. Et les élections générales pourraient être serrées. À trois mois du scrutin, réussir la Kumbh Mela pourrait donc être un atout pour le pouvoir en place.  

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