Le gouvernement rwandais estime qu’il ne peut pas garantir l'accueil de tous les migrants en provenance du Royaume-Uni
Le Rwanda se prépare à accueillir les migrants non désirés par la Grande-Bretagne. La loi portée par le Premier ministre Rishi Sunak et votée le 23 avril 2024 a placé son pays sous le feu des critiques. Cet accord d’expulsion des migrants vers le Rwanda aurait déjà coûté près de 350 millions d’euros au gouvernement britannique. Si tout semble réglé désormais entre les deux pays, la porte-parole du gouvernement rwandais Yolande Makolo a fait savoir dimanche 5 mai, dans une interview à la chaîne britannique BBC que son pays "ne pouvait pas garantir le nombre de migrants qu'il accueillera du Royaume-Uni".
Une harmonie presque parfaite règne, de Londres à Kigali. On soigne la communication pour vanter les mérites de ce partenariat. Un premier migrant volontaire a décollé la semaine dernière de Grande-Bretagne, pour découvrir le premier lieu d’accueil désigné par le gouvernement rwandais. Il s'agit d'un immeuble d’appartements témoins, où le jardin d’ornement est impeccable, la peinture encore fraîche. Chaque migrant recevra jusqu’à 3 500 euros, Londres a déjà identifié 52 000 personnes éligibles à ce programme inédit d’expulsions. Une initiative qualifiée de potentiellement "dangereuse" par les Nations unies.
Le gouvernement britannique espère expulser 5 700 personnes d’ici la fin de l’année 2024. Un chiffre non garanti par Yolande Makolo, la porte-parole du gouvernement rwandais. "Le premier lieu d’accueil que nous sommes parvenus à sécuriser depuis le début de notre partenariat, c’est l’hôtel de l’Espoir. Cet endroit est en mesure d’accueillir jusqu’à 200 personnes", a-t-elle déclaré à la BBC dimanche dernier. "Ce que je ne peux pas vous dire, c’est combien de milliers de personnes nous serons en mesure d’accueillir d’ici un ou deux ans. Cela dépend de plusieurs paramètres sur lesquels je suis en de travailler", a-t-elle ajouté.
Des enjeux politiques pour les deux dirigeants
Premier constat, les gouvernements britannique et rwandais ne semblent pas sur le même tempo. D’un côté, à Londres, Rishi Sunak, piétine d’impatience à l’idée de transformer sa loi controversée en victoire politique. De l’autre côté, à Kigali, les autorités préfèrent soigner l’accueil des premiers migrants et éviter l’image d’un gouvernement submergé. Des précautions d’autant plus essentielles que le Rwanda est en pleine campagne électorale, une période sensible. Le scrutin présidentiel aura lieu le 15 juillet 2024. Le président Kagame se représente après avoir modifié la Constitution. À la moindre confusion sur le dispositif d’accueil des migrants britanniques, il court le risque de libérer toutes les critiques sur son approche autoritaire du pouvoir.
C’est précisément début juillet que Londres prévoit de faire décoller les premiers avions vers Kigali. Un calendrier confirmé par le Premier ministre Rishi Sunak,qui lui aussi joue gros dans ce dossier. Si sa loi a été votée, elle reste très critiquée. Son parti vient d’essuyer une sérieuse défaite aux élections locales le week-end du 4 mai, son programme d’expulsion a fait fuir les migrants vers l’Irlande et Rishi Sunak doit désormais gérer la colère de Dublin.
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