Le procès par contumace de l'opposante Svetlana Tikhanovskaïa va s'ouvrir en Biélorussie
Le régime totalitaire d'Alexandre Loukachenko, allié de Moscou, accentue la répression contre les opposants avec l'ouverture de ce procès emblématique.
Svetlana Tikhanovskaïa, 40 ans, en exil en Lituanie, est devenue le porte-drapeau de l'opposition. Elle a fui le pays après l'arrestation de son mari, leader de l’opposition, Sergueï Tsikhanovski. Et mardi 17 janvier, tout un symbole, au moment précis où son procès s'ouvrira par contumace, elle sera à Davos, au Forum économique mondial, pour convaincre les puissants de la nécessité d'aider l'opposition. Ce procès en dit long sur la détermination de la dictature au pouvoir dans ce pays de neuf millions d'habitants, cette Biélorussie que les opposants préfèrent appeler Belarus. Alexandre Loukachenko, deux ans et demi après le soulèvement populaire contre sa réélection truquée, s'en prend désormais aux opposants en exil. Il a fait modifier la loi en ce sens, et depuis début janvier, les exilés peuvent même se voir retirer la nationalité biélorusse. La mesure pourrait frapper des milliers de personnes qui pourraient ainsi devenir apatrides.
Svetlana Tikhanovskaïa risque 15 à 20 ans de prison. Elle est poursuivie pour 10 chefs d'inculpation dont "complot pour s’emparer du pouvoir". Et elle ne sera pas la seule exilée à être jugée par contumace à partir de ce 17 janvier : ce sera aussi le cas d'un autre opposant emblématique Pavel Latushko, ancien ministre de la Culture qui a fondé une sorte de gouvernement parallèle à Varsovie en Pologne.
Des procès en cascade
Les procès se multiplient aussi contre les opposants restés dans le pays avec de nouvelles comparutions chaque semaine. Lundi 16 janvier, c'est le journaliste Andrzej Poczobut, figure de la minorité polonaise du pays, qui se trouvait dans le box, lors d'un procès à huis-clos dans la ville de Grodno, près de la Pologne. Poczobut, qui travaille pour le célèbre journal polonais Gazeta Wyborcza, est poursuivi pour "incitation à la haine". Il risque 12 ans d'incarcération.
Today the shameful trial against famous journalist & member of the minority Andrzej #Poczobut started in #Belarus. He held the regime accountable & dared to tell the truth about the situation in the country. Andrzej has serious health problems & must be released immediately! pic.twitter.com/hDyU6NvxwP
— Sviatlana Tsikhanouskaya (@Tsihanouskaya) January 16, 2023
Le 9 janvier d'autres journalistes, du site internet indépendant Tut, étaient également dans le box, accusés d'évasion fiscale. Et le 5 janvier a débuté le procès du prix Nobel de la Paix Ales Bialatski, fondateur de l'ONG de défense des droits de l'homme, Viasna. Bialatski, 60 ans, est apparu très amaigri lors de sa comparution. Lui aussi est accusé d'évasion fiscale et de trouble à l'ordre public. Au total, selon Viasna, le pays compte 1 444 prisonniers politiques. Les cas de torture se dénombrent par milliers, plus de 500 ONG ont été fermées.
Loukachenko louvoie sur la guerre en Ukraine
Cet acharnement judiciaire se produit au moment où Vladimir Poutine cherche à nouveau à entrainer la Biélorussie dans sa guerre en Ukraine avec de nouveaux exercices militaires conjoints russes / biélorusses à partir de lundi 16 janvier. Ils devraient durer deux semaines. Et tout indique l'envoi de nouveau matériel russe sur le sol biélorusse, près de la frontière ukrainienne au Nord de Kiev. C'est l'un des axes qu'avait utilisés l'armée russe au début de la guerre, il y a presque 11 mois.
Toutefois les troupes biélorusses elles-mêmes n'ont pas directement pris part au conflit jusqu'à présent. Loukachenko louvoie : il est allié à Moscou, il réprime l'opposition comme Poutine, mais il est suffisamment adroit pour éviter d’être directement embarqué dans la guerre en Ukraine. Cette situation complique la tâche de l'opposition, dont l'objectif est de persuader l'Occident de regarder l'enjeu de la Biélorussie comme indissociable de celui de l'Ukraine.
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