Le retour de Lula au Brésil : un nouvel espoir pour la forêt amazonienne ?
Il n’y a aucun doute sur les intentions de Lula, le président brésilien, de vouloir protéger, guérir et surtout réparer la terre brûlée héritée de son prédécesseur Bolsonaro, dont le bilan sur l’Amazonie fait de lui l’égérie des trafiquants de bois, de l’agro-industrie et des climatosceptiques. Lula revient donc au pouvoir et dit "stop", avec tout le talent de tribun qui le caractérise, pour vendre son nouveau programme "Déforestation zéro". C’est ce qu’il a fait à Paris, en juin dernier, sous la Tour Eiffel, en marge du Sommet pour un nouveau pacte financier, où il a promis : "D'ici l'année 2030, nous n'aurons aucune déforestation dans la forêt amazonienne."
Pas plus tard que la semaine dernière, le président a aussi embarqué tous ses voisins abritant une partie de la forêt dans un sommet pour signer l’acte de naissance de l’Alliance amazonienne de combat contre la déforestation. Lula a le sens de la formule, il n’y a pas plus habile pour communiquer, et certains premiers résultats sont là. Sur les six premiers mois de son nouveau mandat, selon l’Institut de recherche spatiale brésilien, qui surveille l’évolution de la forêt, sur le premier semestre 2023, les actes de déforestation ont baissé de près de 35%.
La tentation du pétrole
Pour autant, de nombreux experts de l’environnement ont comparé le sommet régional sur l’Amazonie à une coquille vide. Le succès de cette réunion est avant tout diplomatique, mais les participants n’ont fixé aucun objectif, les contours des moyens d’action sont très flous, et surtout, tout le monde s’est bien gardé d’aborder l’un des gros sujets qui fâchent : celui de l’extraction pétrolière. Si la Colombie est devenue récemment le premier pays à renoncer à ses réserves pétrolières pour des raisons écologiques, au Brésil, Lula, qui a besoin de beaucoup d’argent pour relancer ses programmes sociaux, fait face à un choix cornélien. Une manne potentielle de 14 milliards de barils lui tend les bras à 500 kilomètres au large de l’embouchure de l’Amazone.
En Équateur, le gouvernement vient de remettre en route l’exploitation de deux sites de forage, contestés par les communautés indigènes, qui proposent à leurs visiteurs (touristes ou universitaires) de participer à un Toxic Tour pour constater le désastre de l’extraction pétrolière sur leur territoire. Les problématiques sont les mêmes au Pérou et l’on retrouve toujours en première ligne, pour s’opposer à ces projets, les communautés indigènes des régions concernées.
Le rôle des peuples autochtones
Si les peuples natifs sont constamment sous pression, ils ont, eux aussi, malgré tout, des raisons d’espérer. L’Amazonie ne guérira pas sans eux, ni sans que l’on protège leurs terres et Lula en est parfaitement conscient. Il dit vouloir s’appuyer sur les connaissances ancestrales de ces peuples pour développer durablement la forêt. C’est l’autre succès du sommet régional de la semaine dernière, qui a réaffirmé avec force le droit des autochtones "à la pleine et effective possession de leurs terres".
>> Au Brésil, malgré le président Lula, les indigènes doivent se mobiliser pour sauver leurs terres
Sanctuariser ces territoires pour empêcher la déforestation, mais aussi protéger le savoir de la médecine amérindienne, de plus en plus exposée à la bio-piraterie, qui s’approprie illégalement les ressources de cette biodiversité. Les deux tiers des molécules utilisées par la médecine occidentale viennent de forêts natives, 80% des espèces qui vivent en Amazonie sont encore inconnues. Ce sont autant de molécules, de solutions, de remèdes qui ne pourront être découverts que si l’objectif "Zéro déforestation" est atteint.
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