Les États-Unis sanctionnent un réseau chinois de fabricants de drogue, notamment de fentanyl
De nouvelles sanctions ciblées contre 25 sociétés ou patrons chinois. L’annonce du gouvernement américain est presque passée inaperçue mardi. Elle a pourtant pour objectif de combattre les ravages provoqués par la consommation de fentanyl. 110 000 overdoses l’an dernier et selon les États-Unis, les composants de cette drogue sont importés de Chine.
C’est la deuxième fois, en 2023, que des sanctions américaines visent des laboratoires chinois et on ne peut pas dire que cette politique soit très efficace. Sur les quatre premiers mois de l’année, les douanes américaines ont saisi la même quantité de fentanyl d’importation illégale que sur toute l’année 2022. 379 millions de doses mortelles interceptées l’an dernier, "assez pour tuer tous les Américains", alertait il y a quelques mois la DEA, l’agence américaine antidrogue.
Les fabricants chinois et les cartels mexicains contournent les sanctions
Ces sanctions ne parviennent pas à stopper l’arrivée de cet opioïde aux États-Unis pour trois raisons. D’une part parce que Pékin ferme les yeux, condamne les sanctions et estime que cette crise ne concerne que le territoire américain. Ensuite, parce que les laboratoires de fabrication chinois s’adaptent en permanence. Soit ils changent de nom, tout en conservant la même chaîne de fabrication. Soit, et c’est de plus en plus le cas, ils modifient légèrement les composants chimiques de la drogue et les expédient ensuite légalement et séparément.
Ce qui nous conduit à la troisième raison de l’inefficacité des sanctions américaines : les cartels mexicains. L’arrivée du fentanyl au Mexique a totalement remodelé le paysage du narcotrafic. Du point de vue des cartels, cette drogue (50 fois plus puissante que l’héroïne) présente de gros avantages. Elle est moins volumineuse et donc plus facile à transporter. Cette drogue est aussi plus facile à produire. C’est sans comparaison avec la main-d’œuvre que nécessite, par exemple, la fabrication de la cocaïne. Les cuisiniers du cartel de Sinaloa ont changé de recette et reconstituent désormais les comprimés de fentanyl qui ravagent des quartiers entiers.
Le Mexique se retrouve pris dans un étau
Dans l’un des dossiers sensibles de la guerre diplomatique entre Pékin et Washington, le président mexicain Lopez Obrador, a bien tenté de botter en touche. Jusqu’à ce qu’il se sente obligé, sous la pression américaine, d’envoyer cet appel, directement adressé à Xi Jinping, lui demandant de l’aider à stopper les exportations de composants du fentanyl vers son pays. "Certains législateurs américains ont accusé le Mexique. Ils en sont même arrivés à dire que si nous n’arrêtions pas les narcotrafiquants qui opèrent au Mexique et qui font passer cette drogue, ils pourraient présenter un projet au congrès pour que les forces armées américaines envahissent notre territoire", réagissait le président mexicain.
Deux élus républicains, deux anciens militaires, ont évoqué ce projet devant le Congrès en janvier 2023, une solution radicale qui a installé la problématique du fentanyl dans la campagne présidentielle américaine. L’idée d’envoyer des troupes d’élites au contact des cartels mexicains est d’ailleurs reprise par Ron de Santis. Donald Trump réclame un "plan de bataille", l’administration Biden est déstabilisée et Pékin compte les points.
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