Les négociations autour du grand accord commercial d'échange entre l'Europe et l'Amérique du Sud au point mort
Le marché européen va-t-il enfin s’ouvrir au bœuf argentin, au soja brésilien ainsi qu’aux minerais venus d’Amérique du Sud ? Et sera-t-il possible en échange d’exporter davantage de produits européens, des voitures, des machines, des services, vers cette région ? C’est tout l’enjeu de cette négociation qui dure depuis 20 ans entre l’Union européenne et le Mercosur. Alors que les dirigeants des deux côtés se réunissent demain à Rio, les négociations s'enlisent.
L'Argentine muette, l'Europe divisée
L'Argentine n'est pas étrangère aux obstacles qui émaillent les négociations. Le pays vient d'abord de changer de président en la personne du fantasque Javier Milei, qui arbore une chevelure désordonnée et une idéologie ultralibérale. Alors qu’il doit prêter serment à la fin de la semaine, la question se pose de savoir s’il sera favorable à ce traité de libre-échange avec l’Europe et, surtout, à quelles conditions. En attendant de connaître sa position, l’Argentine n’a pas participé aux dernières négociations.
Du côté de l’Europe, ce projet d’accord commercial divise également. L’Allemagne et l’Espagne y sont très favorables tandis que la France a exprimé des réserves ces derniers jours par la voix d’Emmanuel Macron : le traité n’est pas assez exigeant pour les agriculteurs sud-américains en matière d’environnement et d’utilisation de produits chimiques. Or cela revient à désavantager les paysans européens qui sont quant à eux soumis à des normes plus strictes selon le président français. Il demande donc l’ajout de clauses contraignantes afin d’éviter une concurrence déloyale et empêcher le moins-disant écologique. Le président français le sait, il est attendu à l'approche des élections européennes au mois de juin prochain. Il ne peut pas se permettre de mécontenter l'électorat rural français. Il doit aussi rendre concret son slogan "L'Europe qui protège". Signer un traité de libre-échange d'une telle ampleur apparaîtrait comme un contresens, d'où sa position très ferme sur le sujet. Une position que les dirigeants allemands espèrent adoucir.
La pression du Brésil et la menace de la Chine
Le Brésil et son président Lula se sont quant à eux exprimés en faveur cet accord. Fait surprenant, le président brésilien, issu de la gauche ouvrière, étant partisan d’un traité de libre-échange là où Emmanuel Macron, souvent présenté comme un libéral, refuse quant à lui d’ouvrir les frontières commerciales. Lula juge d’ailleurs que les Européens déséquilibrent les négociations en voulant imposer leurs conditions et que cela traduit une volonté quasi impérialiste d'étendre leurs idéaux.
La situation est donc sclérosée puisque plus personne n’imagine une ratification du traité à court terme. La Commission européenne pousse afin d’obtenir un accord de libre-échange dans le but de contrer la puissance commerciale de la Chine, et ce alors qu’il se murmure que les pays d’Amérique du Sud, échaudés, pourraient se tourner vers Pékin faute d’accord avec les Européens.
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