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Mali : les forces armées maliennes viennent de reprendre Kidal, le bastion de la rébellion touareg

La junte au pouvoir a annoncé mardi, depuis Bamako, qu'elle s'était emparée de la ville de Kidal au nord du pays. Un point stratégique sous contrôle de la rébellion touareg depuis de longues années.
Article rédigé par Olivier Poujade
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Vue aérienne de la ville de Kidal, bastion de la rébellion Touareg, au Mali, le 20 septembre 2020. (SOULEYMANE AG ANARA / AFP)

C'est le fait d’armes le plus emblématique du colonel Assimi Goïta, le chef de la junte, depuis son arrivée au pouvoir en mai 2021. Kidal, c'est le fief historique des mouvements de rébellion touaregs. Les forces armées maliennes en avaient fait leur objectif principal, depuis fin octobre. Depuis le départ des casques bleus de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (la Minusma), d’énormes moyens terrestres et aériens ont été engagés pour opérer cette remontée vers le nord. 

Pas de chiffre mais, selon plusieurs sources, les soldats maliens ont essuyé des pertes assez conséquentes, jusqu’à ce qu’ils parviennent à s’emparer de l’aéroport de Kidal. C’est à ce moment-là que les combattants Touaregs se sont repliés. Officiellement, c’est un repli "tactique" pour éviter des combats urbains qui auraient impliqué des victimes civiles.

Hier, les membres du Conseil national de transition, venus célébrer cette victoire sur la place de l’indépendance à Bamako, tenaient un discours triomphaliste, laissant sous-entendre que les Forces armées maliennes (les FAMA) sont bien plus efficaces que les soldats de Barkhane et ceux de la Minusma. "On nous a dit que le Mali ne peut pas être à Kidal alors que le Mali est rentré à Kidal, sans la France, sans l'opinion internationale, on est rentré avec nos propres moyens. Dieu merci. Je suis vraiment animé d'une grande joie", se réjouit un Malien.

Sans la France, mais avec l'appui des mercenaires russes de Wagner

Une prise de Kidal, sans la France certes, mais pas sans l’appui d’une force internationale. Difficile d’ignorer les combattants de Wagner sur les nombreuses images tournées hier, lors de l’entrée dans la ville. Une mise en scène de victoire militaire assez sobre. Le spectacle est plutôt sur les réseaux sociaux où immédiatement cette influenceuse, accusée par Washington d’être liée au groupe Wagner, livre son analyse de la victoire. "L'histoire retiendra que ce que l'armée française, la force européenne Takuba et la force onusienne Minusma n'ont pas réussi à faire en dix ans, le Mali l'a fait en deux", martèle cette influenceuse. Et voilà comment le récit des opérations conjointes entre soldats maliens et mercenaires de Wagner est immédiatement orienté sur les réseaux. Quand l’ONU et la France ne sont plus là, tout va mieux pour le Mali…

Sauf que la Minusma était une force de stabilisation et n’avait pas vocation à prendre parti. La France, elle, n’a jamais nié ses liens avec les mouvements touaregs. Mais surtout la mission de Barkhane consistait à repousser l’offensive des groupes armés djihadistes. Des djihadistes qui depuis quelques semaines soutiennent la rébellion touareg. C’est une situation sécuritaire totalement inédite et nouvelle qui se présente aujourd’hui. Et le repli "tactique" évoqué par les Touaregs est sans doute annonciateur de riposte coordonnée avec les groupes djihadistes. Le colonel Goïta le sait mieux que personne. C’est d’ailleurs ce qui l’a conduit a annoncé sans triomphalisme la prise de Kidal, en laissant entendre que la guerre était loin d’être gagnée.

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