Proche-Orient : le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, est de plus en plus isolé
Trois jours après les attaques commandos du Hamas sur Israël, le président de l’Autorité palestinienne a failli "être évincé", confiait il y a quelques jours un diplomate de haut rang. Ce n’est un secret pour personne, la voix de Mahmoud Abbas ne porte plus. Malgré son impopularité, son inefficacité et sa santé fragile, il reste pourtant le seul interlocuteur officiel à l’international et c’est avec lui qu’Emmanuel Macron s’est entretenu pour évoquer la libération des otages. On sait désormais que tout s’est joué au Qatar, entre le Hamas et Israël, sous l’œil de médiateurs américains et égyptiens.
Cette absence de l'Autorité palestinienne lors des négociations pose problème puisqu'aux yeux d'Israël et des Occidentaux, c'est le seul socle sur lequel il est possible de s’appuyer pour sortir du conflit. Avant d’évoquer l’après-guerre, il est donc urgent de se pencher sur l’après Mahmoud Abbas. Lors de son passage en Israël, Antony Blinken a été très clair sur le sujet. Pour le chef de la diplomatie américaine, "tout plan de gouvernement futur à Gaza doit inclure une gouvernance palestinienne et une unification de Gaza avec la Cisjordanie, sous l’égide de l’Autorité palestinienne."
Israël ne veut pas voir le Hamas arriver au pouvoir
Pour trouver un remplaçant à Mahmoud Abbas, il faudrait un nouveau président issu d'une élection, incluant toutes les forces politiques palestiniennes, y compris le Hamas, le principal ennemi politique du Fatah, le parti de Mahmoud Abbas. Depuis la fin de son mandat, en 2009, Abbas a toujours trouvé le moyen d’empêcher de nouvelles élections, par crainte de voir la branche politique du Hamas s’installer à la tête de l’Autorité palestinienne. Or, selon le dernier sondage d'un institut palestinien, les trois quarts de la population soutiendraient le Hamas.
Le scénario d'un représentant du Hamas à la tête de l'Autorité palestinienne est désormais totalement inconcevable pour Israël. Les dirigeants politiques du Hamas se sont donc tournés cette semaine vers des opposants à Mahmoud Abbas au sein du Fatah, lors d'une réunion qui s’est tenue au Qatar avec des conseillers de Mohammed Dahlan et Marwan Barghouti.
Ce dernier, très populaire, est incarcéré en Israël depuis 2002. En 2006, il déclarait à une chaîne de télévision américaine "qu'Israël et la Palestine avaient besoin de deux leaders prêts à prendre des décisions critiques et prêts à prendre des risques des deux côtés. Je pense que mon peuple serait prêt à envisager la paix avec le peuple israélien."
Considéré comme le Nelson Mandela de la Palestine par son peuple, Marwan Barghouti est un terroriste aux yeux des Israéliens. Mais certains pays arabes le voient aujourd’hui comme le seul homme capable d’éviter une déstabilisation de la région. La Jordanie et l’Égypte pourraient envisager de peser diplomatiquement sur Israël pour que Marwan Barghouti soit libéré.
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