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Sanctions contre Moscou, adhésion accélérée à l'Union européenne, soutien à un plan de paix ... ce que cherche Volodymyr Zelensky à Bruxelles

Le président ukrainien achève donc sa tournée express en Europe par Bruxelles, discours devant les députés du Parlement européen, participation au sommet des 27 chefs d’Etat et il n’y cherche pas nécessairement la même chose que lors de ses déplacements à Londres et à Paris.
Article rédigé par franceinfo, Jean-Marc Four
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Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, et Charles Michel, le président du Conseil européen, ce jeudi 9 février 2023 à Bruxelles. (ANP - JONAS ROOSENS / ANP MAG)

La priorité de Volodymyr Zelensky, on l’a compris, c’est d’obtenir des armes : des munitions, de l’artillerie, des avions. Il l’a donc répété devant les parlementaires et les chefs d’État européens. Mais il sait très bien que ce sujet-là ne dépend pas de l’Europe, qui n’est pas une puissance militaire. Ce sujet-là, il dépend de Washington d’abord, et en Europe, de Londres, de Paris, de Berlin, de Varsovie. C’était donc le sujet des déplacements de mercredi 8 février. La visite à Bruxelles, jeudi, obéit à une autre logique. Volodymyr Zelensky sait que l'Union européenne est d’abord une puissance économique. C’est donc sur ce terrain qu’il attend les 27.

Selon nos informations, il est venu devant les chefs d’État dans l'après-midi, avec une liste de courses qui concerne les nouvelles sanctions que s’apprête à adopter l’Union contre la Russie. Un 10ème train de sanctions est en cours de préparation. Et Kiev souhaite que certaines entreprises russes bien précises soient visées : par exemple dans le commerce des diamants ou dans le secteur de l’énergie nucléaire. On songe à la société Rosatom, l’agence fédérale russe de l’énergie atomique, qui est aussi le leader mondial de la construction de centrales nucléaires. Sauf que Rosatom, pour construire ses centrales, achète ses turbines ailleurs, par exemple en France. Et ce sujet a, jusqu’à présent, été mis de côté par les sanctions.   

Le souhait d'un "fast track" pour l'adhésion à l'Europe

Deuxième sujet de ces entretiens à Bruxelles, le calendrier d’adhésion à l’Union européenne. Le principe de l’adhésion de l’Ukraine à l’Europe est acté depuis l’été dernier. Mais ce que souhaite Volodymyr Zelensky, c’est une procédure accélérée, un fast track, comme on dit, en anglais, dans le vocabulaire bruxellois. Ces procédures d’adhésion sont généralement très lentes : 10, 20 ans.

L’objectif affiché par Volodymyr Zelensky, c’est trois ans : 2026. Parce qu’il veut donner de l’espoir aux 40 millions d’Ukrainiens, un horizon rapide et visible. Et parce qu’il se sert aussi politiquement de ce processus et des exigences européennes pour justifier lui-même l’accélération de sa lutte contre la corruption, les oligarques et enclencher une réforme de la justice dans le pays. Sauf que ce "fast track" suscite des réticences, en particulier à Paris. Où on fait observer, non sans raison, que l’Ukraine ne peut pas doubler impunément les autres candidats, la Moldavie, sa petite voisine. Et surtout les pays des Balkans, Albanie, Monténégro, Macédoine du Nord : autant de pays où la Russie s’empresserait de profiter d’une éventuelle désillusion face à l’Europe.  

Un plan de paix en 10 points

Il y a un troisième sujet sur la table à Bruxelles, c’est un plan de paix et c’est un sujet passé relativement inaperçu jusqu’à présent. Ces derniers jours, Volodymyr Zelensky a dévoilé un plan de paix en 10 points. Dans un premier temps, les Européens n’y ont prêté qu’une attention distraite. Mais ils ont changé d’avis et regardent désormais le sujet attentivement. Bien sûr,  Volodymyr Zelensky y prévoit le rétablissement de l’intégrité territoriale complète de l’Ukraine (y compris la Crimée), un point inenvisageable pour Moscou à ce stade. Donc on est loin du compte.

Mais ce plan a le mérite d’entrouvrir un canal de discussion, d’affirmer que Kiev ne veut pas la guerre indéfiniment. Et de proposer une autre idée qui pourrait faire son chemin : une grande conférence internationale sur une architecture globale de sécurité en Europe. Pour le coup, ça rejoint la préoccupation de Paris : il faudra, à terme, des garanties de sécurité pour Kiev, mais aussi pour Moscou, pour éviter de semer les graines d’un autre conflit futur.

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