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Le Pape François chez le hongrois Viktor Orban : deux visions de la chrétienté aux antipodes

Le Pape arrive vendredi 28 avril en Hongrie pour une visite de trois jours. Il rencontrera notamment le premier ministre hongrois Viktor Orban. Et le moins que l’on puisse dire c’est que les deux hommes n’ont pas la même vision de la chrétienté.
Article rédigé par Jean-Marc Four
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une silhouette du pape François sur un panneau d'affichage à Budapest, le 27 avril 2023. (ATTILA KISBENEDEK / AFP)

Il faut s’attendre à quelques formules bien senties du Souverain Pontife, il en a l’habitude. Lors ce déplacement qui constitue son 41e voyage apostolique en 10 ans, le pape, dont la santé est devenue fragile, prononcera six discours et une messe en plein air dimanche. Nul doute qu’il lancera un nouvel appel à accueillir les migrants et les réfugiés.

Alors que sur ce sujet, le Premier ministre hongrois est surtout spécialiste de la construction des murs. Viktor Orban, peu croyant au départ, instrumentalise désormais la religion pour consolider son pouvoir. Et dans son esprit, protéger les valeurs chrétiennes de la Hongrie et de l’Europe, c’est surtout fermer les portes. L’an dernier, la Hongrie n’a accordé le statut de réfugiés qu’à 18 personnes en 12 mois. Elle a certes été plus accueillante avec les Ukrainiens, elle en a vu passer un million. Mais ils ne restent pas car ils ne se sentent pas les bienvenus en Hongrie : ils ne sont que 35.000 à avoir sollicité le statut de protection temporaire.

Autre sujet de discorde entre les deux hommes : les questions d’orientation sexuelle. Le pape a développé un discours d’ouverture sans précédent pour l’Église catholique. Pour lui criminaliser l’homosexualité est une erreur et le fait d’être homosexuel n’est pas un crime. Viktor Orban, lui, stigmatise la communauté LGBT, en bafoue ouvertement les droits et se veut le défenseur de la "famille traditionnelle".

Un fort désaccord sur les migrants et sur les homosexuels

Mais ça ne va pas empêcher le Premier ministre hongrois d’essayer de tirer profit de cette visite. Il va d’abord souligner que c’est sa troisième rencontre avec le pape en trois ans, même si les deux précédentes ont été très brèves. Et il va insister sur ce qu’il voit comme un objectif commun : défendre la chrétienté attaquée, attaquée d’abord par la sécularisation, le déclin global de la religion dans cet ancien pays du bloc de l’Est communiste. Moins de 40% des 10 millions de Hongrois se revendiquent catholiques.

Viktor Orban a fait modifier la Constitution hongroise pour y graver des références à Dieu et au mariage. Il soutient des politiques familiales.Il favorise le financement des écoles catholiques, qui représentent désormais un quart des établissements secondaires dans le pays. Autant de points sur lesquels il va insister pour se prévaloir de l’appui du Pape François.

L'hypothèse d'un message commun à Moscou

Quant à la guerre en Ukraine, ce n’est pas l’objet central du voyage. Mais il en sera forcément question. Les deux hommes, là encore, ne sont pas d’accord sur tout. Viktor Orban ménage la Russie, ce qui a d’ailleurs le don d’irriter les 26 autres membres de l’Union européenne. Le pape François, lui, dénonce "une guerre cruelle (…) qui martyrise l’Ukraine". Ce n’est pas le même son de cloche. Mais le souverain pontife de 86 ans et le premier ministre de 59 ans peuvent se retrouver sur une chose : un appel conjoint à une cessation des hostilités. Et à eux deux, ils possèdent peut-être une capacité à se faire entendre de Moscou, pour convaincre Vladimir Poutine de l’utilité d’une négociation.

 

 

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