Tchétchénie : la musique aussi a le droit à sa censure
Cette fourchette, extrêmement précise, est le résultat de la mission que Ramzan Kadyrov a confié à son ministre de la Culture. Moussa Dadayev devait trouver le genre de musique correspondant à la "mentalité tchétchène" et la rendre "conforme aux coutumes, aux traditions, à l'éthique et à la morale de la Tchétchénie". Il a visiblement pris son travail très au sérieux, en prenant soin de ne rien dévoiler, bien sûr, de sa méthode de travail. Le ministre de la Culture est donc parvenu à cette conclusion, presque scientifique : pas moins de 80 et pas plus de 116 battements par minute (Bpm). Les artistes tchétchènes ont jusqu'au 1er juin 2024 pour réécrire leurs morceaux si besoin.
C'est la musique électronique que Ramzan Kadyrov a surtout souhaité cibler, puisque le nouveau standard tchétchène est particulièrement lent, par rapport à la production musicale d'aujourd'hui, surtout celle qui arrive d'occident. "Il est inadmissible d'emprunter la culture musicale d'autres peuples" a clairement dit, le ministre Dadayev.
Retirer la décadence de l'Occident
Une grande partie des communautés homosexuelles de Tchétchénie s'identifie aux styles des musiques électroniques, house, trance ou encore techno. Or, elles sont victimes de la pire des répressions depuis 2017. Une plainte pour "génocide" a même été déposée par des associations devant la Cour pénale internationale.
Cette nouvelle loi exclut aussi les morceaux les plus lents, à commencer par les adagios, largo et larghetto de la musique classique, qui se situent tous en deçà de 80 Bpm. Mais il y a une composition en particulier, qui soulève quelques interrogations, celle d'Aleksandre Aleksandrov, compositeur de l'Hymne national de Russie, qui ne plafonne qu'à 71 Bpm. Pour le coup, Ramzan Kadyrov, "le fidèle fantassin de Vladimir Poutine", a peut-être commis un impair.
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