Ukraine, mer Rouge, Proche-Orient… L’efficacité d’armes moins sophistiquées et moins chères a redéfini la notion de puissance militaire

Sur les différents théâtres d’opérations militaires, que ce soit en Ukraine, en Mer Rouge ou au Proche-Orient, de nombreux faits de guerre confirment que l’efficacité et la puissance militaire ne se mesurent plus nécessairement à la taille du porte-monnaie.
Article rédigé par Olivier Poujade
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un militaire ukrainien se tient devant un drone de surface naval "SeaBaby", à Kiev, le 23 mai 2024. (GENYA SAVILOV / AFP)

C'est le constat que dressent toutes les grandes puissances, qui a fait voler en éclats les certitudes des industriels de défense et précipiter l'intégration de l'armement "low cost" dans les politiques de défense des plus grands pays. L'efficacité d'une armée ne se mesure plus désormais aux milliards d'euros dépensés dans un porte-avions ou dans des avions de chasse de dernière génération.

Si l'Ukraine a repris le contrôle de la mer Noire, c'est en grande partie grâce au déploiement de ses "Sea Baby", des drones flottants capables de transporter plus de 800 kilos d'explosifs sur 1 000 kilomètres de distance. Et si le Moskva, le fleuron de la marine russe, n'a pas pu anticiper les deux missiles qui l'ont coulé, c'est parce qu'en amont, une armée de drones aériens a fini par saturer ses systèmes de défense. Une efficacité maximale, pour un coût de fabrication presque insignifiant, entre 10 000 et 20 000 euros par drone.

Un ratio qui fait réfléchir les états-majors du monde entier

Les marines américaines, britanniques, françaises ont dépensé des fortunes en mer Rouge pour protéger les navires commerciaux des attaques de drones houthis. Les Occidentaux n'ont pas eu d'autre option que de larguer leur stock de missiles antiaériens, des munitions qui coûtent en moyenne un million d'euros pièce. Les navires de guerre occidentaux ont donc constaté le gouffre financier que représentait l'interception de ces drones.

C'est ce que raconte l'amiral français, Nicolas Vaujour, dans le podcast "Le Collimateur", une émission consacrée aux questions militaires. Le constat est que les systèmes de défense à bord des navires de guerre conventionnels ne sont pas adaptés. "Notre idée aujourd'hui, c'est de renforcer la chaîne canon pour baisser le coût des frappes, pour être en mesure d'intercepter plus tôt ces drones, sans utiliser systématiquement les missiles. Donc, on a dit aux industriels de nous donner tous les modèles qui leur semblaient adaptés. On a réalisé des tests à Toulon, il n'y a pas longtemps, et il y en a un qui est sorti clairement du lot", explique-t-il.

Les militaires ont donc dû réagir et s'adapter très vite. Aux États-Unis, une minorité de militaires militent depuis 20 ans pour rompre avec ce paramètre, "pour investir dans de vieilles Ford, plutôt que dans des Ferrari", c'est désormais chose faite. L'Initiative de réplique créée cette année par le secrétariat américain de la Défense donne la priorité à la production rapide et massive d'armes autonomes, la naissance d'une authentique armée de drones.

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