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Une deuxième salle de cinéma voit le jour en Arabie Saoudite, des centaines d'autres attendues dans les années à venir

Pour la première fois depuis la fin de l'interdiction des cinémas en Arabie Saoudite qui a duré 35 ans, un complexe de 12 salles vient d'ouvrir ses portes dans la deuxième ville du pays.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Une salle de cinéma, illustration.  (VINCENT VOEGTLIN / MAXPPP)

Et les lumières se sont éteintes… C’était lundi 28 janvier au soir : le cinéma Vox a ouvert ses portes dans une vaste galerie commerciale de Djeddah. Et c’est une première dans cette ville de plus trois millions d’habitants, quatre millions si on compte la célèbre ville voisine, La Mecque. Djeddah, sur les bords de la Mer Rouge, c’est la cité la plus peuplée de ce pays de 30 millions d’habitants, après la capitale Riyad. Et jusqu’à présent, il n’y avait aucune salle de cinéma puisqu'ils ont été interdits pendant plus de 35 ans en Arabie Saoudite. Le veto a été levé au printemps dernier, et une première salle a ouvert à Riyad. Mais ce cinéma Vox est donc le premier en région, et il est de taille : 12 salles dans un vaste bâtiment à la façade de verre. Au programme pour cette première semaine, beaucoup de films américains : Aquaman, Glass, Le Retour de Mary Poppins, certaines séances sont réservées aux hommes, d’autres sont ouvertes à tous les publics. Pour l’ouverture, il y avait foule. Les propriétaires, une compagnie de Dubaï, avaient vu les choses en grand, avec cérémonie et ruban rouge.  

Un gros enjeu économique

C’est d’abord le business qui a dicté cette décision d’autoriser les cinémas. Elle s’inscrit dans le plan "Vision 2030" du prince héritier Mohammed Ben Salmane, qui cherche à diversifier l’économie du pays, afin qu’elle ne dépende plus seulement du pétrole. L’industrie du cinéma évalue le potentiel à 35 millions d’entrées par an, et espère dégager d’ici dix ans de l’ordre d’un milliard et demi de dollars. Le développement des salles devrait être rapide dans tout le pays : plus de 300 ouvertures sont prévues dans les cinq années à venir. La prochaine sera à Tabuk, dans le nord du pays, près de la Jordanie et d’Israël. Ces salles sont toujours installées dans de grands centres commerciaux, avec restaurants et salles de jeux : il s’agit de dégager le maximum d’argent. Et trois compagnies devraient accaparer le marché : celle de Dubaï, une Américaine et une Saoudienne.  

Une timide ouverture sociale

C’est une histoire de gros sous, mais c’est aussi une petite révolution sociale. Un lieu de spectacle et de rencontre ouvert à tous, ce n’est pas rien dans ce pays très fermé. Et l’Arabie Saoudite évolue notamment pour les droits des femmes, puisqu'elles sont désormais autorisées à conduire et depuis l’automne, une femme coprésente le journal télévisé du soir. Mais ces signes d'ouverture restent quand même très limités : les militants des droits de l’homme sont toujours incarcérés et torturés, la religion est omniprésente, et la liberté de la presse inexistante. Personne n'a oublié l’affaire emblématique de l’assassinat de Jamal Khashoggi. Cela dit, vu que deux habitants sur trois ont moins de 35 ans et qu’ils sont nourris aux réseaux sociaux, il n’est pas évident que ce modèle social archaïque puisse durer éternellement.      

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