Vous en parlerez aujourd'hui. Ce "gilet jaune" producteur de volaille dans la Bresse qui en a marre de se faire plumer
Tous les jours, Jean-Mathieu Pernin repère une info à partager, à la machine à café ou sur les réseaux sociaux. Aujourd'hui, l'appel à Emmanuel Macron d'un volailler de la Bresse.
Quand les volailles mettront un gilet jaune, Macron tremblera. C’est un peu le nouveau slogan depuis le succès de cette vidéo postée sur Facebook. On y voit un volailler de la Bresse demander de l'aide au président. Cette même volaille de Bresse, il l'a livrée à l’Elysée le 11 novembre dernier, mais depuis mercredi soir l'Elysée a démenti l'information. Vladimir Poutine, Donald Trump ou encore Angela Merkel ont planté leurs quenottes dans la grasse chair de ces bestioles. Aujourd’hui, il n’a qu’un message : "Monsieur Macron, vous ne méritez pas de manger mes volailles. Franchement je suis dégoûté."
Ce discours, si courant aujourd’hui, prend une tournure assez symbolique avec ce message d’Aloïs Gury, éleveur à Montrevel-en-Bresse dont les volailles régalent les grands de ce monde. Enregistré portable à la main dans son poulailler, la vidéo dure 8 minutes. Un sanglot dans la voix, on sent une colère rentrée. Le temps d’une vidéo, Aloïs Gury devient comme le symbole d’un mouvement aux revendications multiples, complexes avec juste la colère comme cohérence.
Mal sonorisée, on retient d’abord les caquètements venant du fond. Puis vient le moment de la description d’une vie où on essaie de vivre, comme une enclume envoyée de la troisième corde. "Je m'en sors pas, je suis dans la merde, raconte l'éleveur. J'ai 33 ans, je suis à ma 78e heure de boulot de la semaine. J'essaie de me sortir un salaire de 700 euros." Et d’enchaîner en expliquant que c’est sa mère qui remplit encore son frigo. Ce volailler en appelle à Emmanuel Macron. Y aura-t-il une grève du chapon pour le Noël de l’Elysée ?
De la détresse aux larmes de rire
Au-delà de ceux qui sont sur le terrain politique, qui demandent la dissolution de l’Assemblée nationale parce qu’ils bloquent le rond-point de Bourg-la-Reine (chacun son pont d’Arcole), les vidéos de témoignage sur ce quotidien lourd et précaire s’enchaînent sur les réseaux sociaux comme le trombinoscope d’une France en apnée, pour qui la projection dans l’avenir s’arrête le 15 de chaque mois.
On l’a souvent dit, le mouvement des "gilets jaunes" se sert beaucoup des réseaux sociaux pour communiquer, et notamment de Facebook. On y trouve de tout et au milieu de ces terribles vidéos, il y a des choses étonnantes. Dans l’agglomération de Pau, une femme hilare filme de loin son mari, qui veut absolument montrer sa solidarité avec les gilets jaunes et qui se lance seul dans une action désespérée en faisant des allers et retours sur un passage piéton. A chacun son témoignage et sa revendication. Quand, dans 100 ans, les chercheurs étudieront de près le mouvement des "gilets jaunes", ils risquent d’avoir du mal à saisir les contrastes d’un pays.
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