Claude Sérillon : " Pourquoi De Gaulle est-il allé voir Franco ?"
Jean-Mathieu Pernin reçoit sur franceinfo l'écrivain Claude Sérillon à l'occasion de la sortie de son livre "Un Déjeuner à Madrid". Il revient sur la rencontre De Gaulle-Franco, un événement méconnu de l'histoire française.
En 1970, le général de Gaulle n'est plus au pouvoir depuis un an, et celui qui l'accueille règne sans partage, depuis 31 années. Son hôte, c'est le général Franco, qui reçoit en grande pompe le désormais ancien chef d'État français. Cet événement oublié nous est narré par Claude Sérillon, journaliste et écrivain dans Un Déjeuner à Madrid paru au mois de mai aux éditions Le Cherche-Midi.
Cet épisode de l'histoire contemporaine parait oublié : pourquoi ce déjeuner n'est-il jamais évoqué ? "On en a très peu déjà parlé à l'époque, explique Claude Sérillon. En 1970, De Gaulle n'est plus au pouvoir, cela fait un an que les Français l'ont répudié [...] et puis Franco est loin, il vit reclus."
"Naturellement, je verrai Franco"
Mais de l'autre côté des Pyrénées, la nouvelle fait grand bruit. Le général français assure qu'il verra Francisco Franco, qui mène l'Espagne d'une main de fer depuis plusieurs décennies. Pourtant, seules "quatre, voire peut-être cinq photos de cet entretien" de trois quarts d'heure de cette rencontre seront prises et diffusées, d'abord en Espagne puis en France. Mais aucune du déjeuner.
De Gaulle est reçu à Madrid avec les acclamations et le Generalísimo lui-même a manifesté sa joie, avant de tout organiser, du nettoyage des routes à l'organisation du menu. "J'avais lu cela il y a très longtemps [...] mais cela ne faisait qu'un paragraphe, c'est tout, note Claude Sérillon, qui s'interroge sur les motivations du général de Gaulle. C'était resté dans ma tête, et depuis sept, huit ans je collectais des infos... Et je me suis dit : 'Mais qu'est-ce qui lui a pris ?' 'Comment cela se fait que ce symbole de la lutte contre le nazisme qui est un peu notre héros national puisse aller voir une crapule, un despote, un dictateur ?'", poursuit le journaliste.
L'écrivain apporte toutefois un élément de réponse : "Est-ce qu'il va le voir parce qu'il veut voir la tête de son ennemi ? Ce sont deux généraux, de la même génération, ils sont un peu fascinés par la monarchie, ils sont catholiques tous les deux, et puis je crois qu'ils ont un souverain mépris pour les opinions publiques et pour les peuples..."
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