Huile de palme : le Sénat adopte "l'amendement Nutella"
Ferrero, qui produit le Nutella, a déjà annoncé qu'elle ne
changerait pas sa recette. Amendement ou pas amendement. Ce dernier, voté
mercredi au Sénat à 212 voix contre 133, institue une contribution additionnelle
de 300 euros par tonne à la taxe spéciale qui s'applique aux huiles de palme,
de palmiste et de coprah quand elles sont destinées à l'alimentation humaine. Parmi
les produits concernés, la célébrissime pâte à tartiner au chocolat Nutella qui
a donné son nom à l'amendement.
Les sénateurs n'avaient pourtant pas le soutien du
gouvernement : la ministre de la Santé, Marisol Touraine, avait notamment indiqué
qu'elle était "réservée " sur l'intérêt d'une telle taxe, faisant
valoir qu'il était "normal " de s'occuper de l'impact sur la santé
de l'huile de palme, mais qu'elle n'était pas "certaine " que ce
soit "à l'occasion d'un amendement purement financier " que le débat
puisse être engagé.
L'une des huiles les plus riches en acide gras saturés
La taxe proposée à 300 euros la tonne pourrait rapporter 40
millions d'euros en année pleine. Pour
autant, selon Yves Daudigny, à l'origine de l'initiative, il ne s'agirait pas de "rapporter beaucoup de financements ", mais plutôt d'inciter les
industriels à réduire leur utilisation de ces huiles, "qui sont régulièrement
pointées du doigt pour leur responsabilité dans l'épidémie d'obésit é". En
rappelant au passage qu'il existe des substituts à cette huile "l'une des
plus riches en acide gras saturé ", "nocive pour la santé, avec
les risques de maladies cardio-vasculaires qui lui sont associés ", alors
que sa production contribue à "une déforestation massive dans des pays
comme l'Indonésie et en Malaisie ".
Une attaque contre les petits producteurs africains ?
Bien au-delà de l'Hexagone, l'amendement avait ému jusqu'au
Nigeria où des économistes avaient dénoncé plus tôt dans la semaine une attaque
contre "les petits producteurs africains ". Ailleurs, en Malaisie, les
défenseurs de l'huile malaisienne présagent que "ces actes " porteront "un coup
significatif à la compétitivité de l'industrie alimentaire française ",
tant à un niveau national qu'international. Un argument qui avait été en France
par l'Association nationale des industries alimentaires.
Les députés auront toutefois le dernier mot. Le 30 octobre, ils
avaient adopté le plan de financement de la Sécurité sociale alors que le Sénat
n'avait pas encore introduit l'amendement.
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