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"Il faut que l'entreprise rende des comptes" : le groupe Lactalis convoqué par la justice dans l'affaire du lait infantile contaminé

Le groupe laitier est mis en cause dans l'affaire du lait infantile contaminé en 2017. La société est convoquée jeudi 16 février par un juge d'instruction qui peut décider de sa mise en examen. Une nouvelle avancée judiciaire attendue avec impatience par les nombreux plaignants.
Article rédigé par franceinfo - Théo Metton-Régimbeau
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Le siège du groupe à Laval, dans le nord-ouest de la France, le 17 janvier 2018. Photo d'illustration. (JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP)

Lactalis est convoqué jeudi 16 février par un juge d'instruction du tribunal judiciaire de Paris, cinq ans après l'affaire du lait infantile contaminé à la salmonelle à l'usine de Craon en Mayenne. Un représentant du groupe Lactalis et de la société de production va devoir répondre aux questions du juge. 

RÉCIT >> Des premières salmonelloses aux excuses publiques de Lactalis, les six semaines qui ont fait éclater le scandale du lait contaminé

Les autorités sanitaires avaient relevé au moins 37 contaminations de nourrissons fin 2017. Il y en a des milliers, selon l'association des victimes du lait contaminé. L'interrogatoire de jeudi est une étape cruciale après ces cinq années d'enquête. Peut-être la première mise en examen dans ce dossier si Lactalis est poursuivi à l'issue de l'entretien avec le juge d'instruction.

"On est impatient que les choses puissent avancer"

Il est temps, explique Quentin Guillemain, père d'une petite fille qui avait consommé ce lait contaminé et président de l'association des victimes : "On a aujourd'hui des enfants qui n'avaient que quelques mois et maintenant rentrent souvent en CP-CE1, donc évidemment on est impatient que les choses puissent avancer."

"Ce qu'on attend, c'est que cinq ans après on nous dise enfin qu'on cible un certain nombre de personnes comme étant les responsables, ceux dont on peut imaginer demain des sanctions."

Quentin Guillemain, président de l'Association pour la santé des enfants

à franceinfo

Après les premiers signalements, les autorités ordonnent le rappel des lots incriminés. Ils mettent du temps à être retirés du marché. Plusieurs familles dénoncent alors un manque de transparence, ce qui conduit Bruno Le Maire, ministre de l'Économie, à intervenir en janvier 2018 : "J'ai invité le président de Lactalis à faire preuve de davantage de transparence, et dès que ces causes de la contamination seront connues, à les communiquer publiquement dans les meilleurs délais possibles." Bruno Le Maire avait proposé l'aide des services l'Etat pour faire toute la lumière dans cette affaire.

"Il faut un procès"

On dénombre au moins 150 parties civiles dans ce dossier. Depuis 2017, plus de 300 plaintes ont été déposées. Et parmi ces plaintes, il y a celle de l'ONG Foodwatch. Cinq ans après le début du scandale, l'organisation a beaucoup d'attentes aujourd'hui. "Il faut que l'entreprise rende des comptes et qu'on aille jusqu'au procès, explique Ingrid Kragl, porte-parole de l'ONG. Le tribunal correctionnel doit juger cette affaire et puis surtout, il va falloir que les sanctions soient exemplaires et dissuasives."

"Cela ne suffit pas, les excuses, il faut des sanctions exemplaires qui donneront un signal fort à ceux qui voudraient jouer avec la santé des consommateurs."

Ingrid Kragl, porte-parole de Foodwatch

à franceinfo

En janvier 2023, le groupe Lactalis avait réitéré ses messages de compassion expliquant que le "groupe Lactalis a pleinement conscience des épreuves vécues par les familles dont les enfants ont été malades et souhaite que les raisons de cette intoxication soient pleinement éclairées".

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