Maladies cardiovasculaires : attention aux aliments ultra-transformés !
Saucisses, jambon, soupes déshydratées, steaks végétaux, sodas, barres chocolatées et même légumes marinés… Que risquez-vous à consommer régulièrement ce type d’aliments dits ultra-transformés ?
Selon des chercheurs de l’Inserm, de l’Inra, de l’Université Paris 13 et de l’Equipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle (EREN), les consommateurs d’aliments ultra-transformés présentent un risque accru de maladies cardiovasculaires. L’étude, publiée le 30 mai 2019 dans le British Medical Journal, s’appuie sur la cohorte française NutriNet-Santé.
Part d’aliments transformés et risque cardiovasculaire
Pour réaliser ces recherches, les scientifiques ont réuni les données de consommation de 100.000 personnes inscrites à cette cohorte et suivis entre 2009 et 2018. Pendant six sessions de 24 heures, ces volontaires ont enregistrés les aliments et boissons consommés parmi 3.300 références alimentaires classées selon leur degré de transformation.
Résultat : au cours du suivi, la consommation d'aliments ultra-transformés s’est révélée être associée à un risque plus élevé de maladies cardiovasculaires. Plus précisément, une augmentation de 10% de la part d’aliments ultra-transformés dans un régime alimentaire est associée à une augmentation de 12% de risque de maladies cardiovasculaires globales : 13% pour les maladies coronariennes et 11% pour les maladies cérébro-vasculaires.
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La moitié des apports énergétiques
Si le lien entre ces aliments et la santé cardiovasculaire est avéré, une relation de cause à effet ne peut pas encore être établie. "On ne peut pas affirmer à 100% que les aliments ultra-transformés sont la cause de ces maladies car il s’agit d’une étude observationnelle" tempère en effet la docteure Mathilde Touvier, directrice de l’Équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle EREN. Le constat reste inquiétant puisque "les aliments ultra-transformés représentent aujourd’hui plus de la moitié des apports énergétiques dans de nombreux pays occidentaux" selon l’Inserm.
Qualité nutritionnelle, emballage, additifs…
Mais comment expliquer que ces aliments puissent jouer un rôle sur la santé cardiovasculaire ? Quatre hypothèses sont évoquées par la docteure Touvier. En premier lieu, "ces aliments possèdent une qualité nutritionnelle moins favorable en moyenne. Ils sont plus riches en énergie, en acides gras saturés ou encore en sel" note ainsi la chercheuse.
Deuxième piste envisagée : "celle des additifs alimentaires comme les sulfites, le glutamate, les émulsifiants ou les édulcorants qui pourraient posséder des effets délétères sur la santé. Plusieurs études menées sur des animaux le suggèrent déjà" constate la spécialiste.
En troisième lieu vient l’hypothèse des contaminants formés au cours des procédés de formation, "comme l’acrylamide qui apparaît pendant les procédés de chauffage à haute température" rappelle la docteure Touvier.
Enfin, les matériaux des emballages, comme les barquettes plastiques par exemple, qui se retrouvent au contact des aliments sont également mis en cause. "Ce ne sont pas les seuls aliments à posséder ce genre d’emballage mais les aliments ultra-transformés contiennent pour beaucoup des additifs et des conservateurs. On les garde donc plusieurs mois dans les placards et ils restent donc longtemps au contact des emballages, ce qui augmente le risque de migration des matériaux de l’emballage vers l’aliment ", déplore la chercheuse.
Comprendre l’effet "cocktail" des additifs
Prochaine étape pour ces scientifiques : identifier les hypothèses les plus impliquées et affiner la notion d’aliments ultra-transformés. C’est pourquoi les chercheurs lancent un nouveau programme pour lequel ils recrutent de nouveaux volontaires (inscription sur le site etude-nutrinet-sante). "Dans cette étude, nous aurons la possibilité unique de collecter avec grande précision les noms et les marques des aliments consommés et donc de se pencher sur l’effet 'cocktail' des additifs" souffle la docteure Touvier. Cela permettra de mieux comprendre les risques de maladies cardiovasculaires mais aussi de diabète, d’obésité ou encore de cancers liés à la consommation de ce type d’aliments.
En attendant les résultats de ces prochains travaux, les aliments ultra-transformés sont déjà dans le viseur de Santé publique France. L’agence sanitaire conseille dans ces nouvelles recommandations sur l’alimentation de janvier 2019 de limiter leur consommation au profit d’aliments bruts ou peu transformés. L’objectif à atteindre : réduire de 20% la consommation d’aliments ultra-transformés en France d’ici 2022.
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