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Bébé mort de la rougeole à Berlin : "La maladie continue de circuler et on en meurt toujours"

Article rédigé par Vincent Daniel - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Un vaccin contre la rougeole. (MAXPPP)

Après le décès d'un enfant des suites de la rougeole, francetv info revient sur les risques liés à cette maladie hautement contagieuse, loin d'être éradiquée.

Oui, la rougeole circule encore. Oui, elle tue encore. Le message est martelé par les professionnels de santé. Lundi 23 février, les autorités sanitaires allemandes ont annoncé la mort d'un bébé de 18 mois des suites de cette maladie, à Berlin.

Il s'agit du premier cas mortel répertorié depuis le début de l'épidémie en Allemagne, cet automne. En cinq mois, cette maladie hautement contagieuse a frappé 570 personnes dans la capitale allemande, selon l'institut Robert Koch de veille sanitaire. La France recense plus de 23 300 cas de rougeole déclarés depuis 2008, selon l'Institut de veille sanitaire. Si nous ne sommes pas actuellement en situation épidémique, les professionnels de santé s'inquiètent du manque de vaccination

"Il faut surveiller en permanence la rougeole et ne pas la banaliser", assure à francetv info la professeure Astrid Vabret, chef du service de virologie humaine et moléculaire du CHU de Caen. Ce service est le Centre national de référence de la rougeole et des paramyxoviridae respiratoires humains. 

Francetv info : Comment expliquer la recrudescence de cas de rougeole en Allemagne ?

Astrid Vabret : Ce n'est pas un scoop de dire que la rougeole tue : la rougeole continue de circuler et on en meurt toujours. La rougeole est une maladie virale, la plus contagieuse des maladies infectieuses.

On considère qu'il faut un taux de vaccination de 95% de la population pour que la rougeole ne crée pas d'épidémie. Pour d'autres virus, ce taux peut être plus bas, de l'ordre de 70%. En France, par exemple, le taux de couverture vaccinale est de l'ordre de 85%. Il existe donc toujours un certain nombre de personnes susceptibles d'être atteintes. Si le virus arrive dans le pays, cela peut créer une épidémie. En 2014, on a dénombré 250 cas de rougeole déclarés, et on considère que la partie déclarée représente moins de la moitié des cas existants réellement. 

En France, et en Europe, une très grosse épidémie a eu lieu fin 2009, en 2010 et 2011 [en 2011, 15 000 cas de rougeole ont été recensés en France]. Le nombre de cas a depuis diminué. Mais nous n'avons pas encore éliminé la maladie.

Avons-nous baissé la garde ?

Actuellement en France, la vaccination contre la rougeole consiste en deux injections : la première à un an, la deuxième entre 16 et 18 mois. La première vaccination a été introduite dans les années 1980 et la seconde au début des années 1990. Donc le nombre de cas a beaucoup diminué, de même que le nombre de complications liées à la maladie.

Conséquence : on banalise la rougeole et ses conséquences. On pense qu'il s'agit d'une maladie extrêmement banale de la petite enfance. Le poids de la maladie est oublié. Mais ce n'est jamais fini. La rougeole existe toujours et aussitôt que vous baissez la garde dans la vaccination, les cas ressurgissent. D'autant qu'en France, on a du mal à vacciner, en raison d'un lobbying anti-vaccins assez fort. 

Comment se manifeste la rougeole ?

La rougeole circule toute l'année, avec un pic au printemps. Il y a une phase d'incubation d'une dizaine de jours où il ne se passe rien. Le virus se multiplie. Puis, vous avez mal à la gorge, les yeux qui coulent, une conjonctivite, de la fièvre... Ensuite, apparaît une éruption cutanée, des boutons rouges. Des complications sont possibles : des surinfections bronchiques [comme la pneumonie] et quelques fois des complications neurologiques. Il existe des formes atténuées qui sont plus difficiles à reconnaître. Mais fondamentalement, c'est une maladie qui peut être grave.  

Comme toute maladie virale, on donne des traitements symptomatiques. Il n'existe pas de médicaments anti-virus de la rougeole. On la traite avec des antibiotiques par exemple. C'est la raison pour laquelle on développe des vaccins, pour que notre organisme rencontre le virus sous sa forme atténuée et développe des défenses immunitaires. 

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