Cet article date de plus d'un an.

Poumon, cerveau, sein... les avancées majeures qui donnent de l'espoir dans la lutte contre certains cancers

Le congrès annuel de l'American Society of Clinical Oncology s'est achevé mardi à Chicago. Pendant quatre jours, les chercheurs et oncologues du monde entier ont présenté les derniers progrès dans le domaine.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 6min
Un manipulateur en radiologie médicale réalise un scanner pulmonaire sur une femme fumeuse à Ajaccio (Corse-du-Sud), le 16 décembre 2021. (PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP)

La lutte contre le cancer progresse à grands pas. Le congrès annuel de l'American Society of Clinical Oncology (Asco), le principal rendez-vous international des chercheurs et médecins oncologues, s'est achevé mardi 6 juin à Chicago, aux Etats-Unis. Pendant quatre jours, ces spécialistes du monde entier ont recensé les progrès majeurs face à cette maladie à l'origine de près de 10 millions de décès chaque année dans le monde, comme le rapporte l'Organisation mondiale de la santé. Franceinfo fait le tour des principales avancées présentées à l'Asco.

Cancer du poumon : un comprimé qui réduit la mortalité 

Ce comprimé développé par AstraZeneca, l'osimertinib, a été administré quotidiennement, parfois en plus de la chimiothérapie, dans des cas de cancers du poumon opérables. Les malades étaient atteints de la forme la plus commune de ce cancer, celle dite "non à petites cellules", qui présente un type particulier de mutation génétique. Selon les résultats présentés à l'Asco, ce médicament a réduit de moitié la mortalité des patients, avec cinq ans de recul. 

Les données de survie sont "impressionnantes", a vanté Roy Herbst, de l'université de Yale. L'osimertinib permet "d'empêcher la maladie de se propager au cerveau, au foie et aux os", a-t-il ajouté. Ce médicament est déjà autorisé dans des dizaines de pays et a déjà été prescrit à quelque 700 000 personnes, selon un communiqué d'AstraZeneca.

"Dans ce type de maladies, pour lesquelles les avancées se font attendre, une grande lueur d'espoir s'allume."

Iris Pauporté, directrice de la recherche et innovation à la Ligue contre le cancer

à l'AFP

Le cancer du poumon est le plus létal, avec environ 1,8 million de morts déplorés chaque année dans le monde. En France, il tue environ 23 000 hommes et 10 000 femmes par an, selon Santé publique France.

Cancer du cerveau : un médicament qui améliore l'espérance de vie

Le vorasidénib pourrait, lui, améliorer l'espérance de vie en fonction du type de tumeur cérébrale. Ce traitement a amélioré la survie, sans progression des cellules cancéreuses, chez des patients atteints d'un gliome, selon de nouvelles données d'un essai clinique de phase 3, présentées par le laboratoire Servier. Le médicament, administré oralement et quotidiennement, repose sur une molécule bloquant l'activité d'une enzyme à l'origine de la progression de certains cancers du cerveau, difficiles à traiter.

"Grâce à notre thérapie ciblée, les patients ont évité une progression du cancer, pendant 27,7 mois, contre 11,1 mois pour le placebo", constate Patrick Therasse, vice-président pour les produits de développement en oncologie au stade les plus avancés chez Servier. 

"Cette médecine de précision ouvre une porte dans une maladie pour laquelle il n'y avait rien jusqu'à présent."

Fabrice André, directeur de la recherche du centre Gustave-Roussy

à l'AFP

Même si des spécialistes appellent à la prudence, "cela pourrait devenir le nouveau standard thérapeutique, sous réserve d'autres essais", résume auprès de l'AFP Muriel Dahan, directrice de la recherche et du développement d'Unicancer. Les tumeurs au cerveau ont touché près de 5 900 personnes en France en 2018, selon l'Association de recherche sur les cancers dont gynécologiques (Arcagy).

Cancer du sein : un traitement qui réduit le risque de récidive

Le ribociclib, commercialisé par Novartis, a montré son efficacité contre le cancer du sein de stade précoce. Selon les résultats préliminaires d'un vaste essai clinique, communiqués lors du congrès mondial, il réduirait de 25% le risque de récidive, en ciblant des protéines (CDK4 et CDK6) qui influent sur la croissance des cellules cancéreuses. Ce traitement est déjà utilisé, en combinaison avec une hormonothérapie, contre le cancer du sein le plus courant (dit HR+/HR2-) à un stade avancé.

Le cancer du sein est le cancer le plus fréquent en France et représente la première cause de décès par cancer chez la femme, rappelle Santé publique France, avec plus de 58 000 nouveaux cas diagnostiqués dans l'Hexagone en 2018. Ce cancer, comme celui du pancréas, "sont des cancers de moins bon diagnostic" et "ont encore besoin de progrès", avance dans Le Télégramme Steven Le Gouill, directeur de l'Ensemble hospitalier de l'Institut Curie à Paris.

Certains autres cancers : une qualité de vie améliorée pour les patients

Pour le cancer du col de l'utérus de stade précoce et à faible risque de progression, une hystérectomie simple, soit une ablation de l'utérus, n'entraîne pas une récidive supérieure à une hystérectomie radicale, soit une ablation étendue au col utérin et à une partie du vagin, conclut une étude clinique de phase 3 présentée à l'Asco. C'est la promesse d'une meilleure qualité de vie pour les patientes opérées. Chaque année, près de 3 000 femmes développent un cancer du col de l’utérus et 1 000 femmes en meurent, rapporte Santé publique France.

Concernant le cancer des ovaires, pour lequel la survie à cinq ans est de moins de 20% et la récidive fréquente, un traitement avec des anticorps conjugués, soit une sorte de petite "bombe" de chimiothérapie explosant dans la tumeur, a montré une amélioration significative de la survie, selon un essai clinique de phase 3, également détaillé à Chicago. Ce cancer était responsable de près de 3 500 morts en France et plus de 5 100 femmes l'ont développé en 2018, selon Santé publique France.

Enfin, pour les cancers du rectum, difficilement opérables, des patients atteints d'une tumeur localement avancée peuvent recevoir de la chimiothérapie sans radiothérapie avant la chirurgie, selon une étude exposée à l'Asco. Eviter la radiothérapie peut réduire les effets secondaires, en offrant des résultats similaires de survie, sans récidive et globale. En 2018, Santé publique France recensait plus de 43 000 nouveaux cas et 17 000 décès chaque année.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.