Cet article date de plus de sept ans.

"Certaines personnes ont cru que c'était sérieux" : dans l'Oise, un maire interdit aux habitants de mourir chez eux

Elu à Laigneville, Christophe Dietrich a pris un arrêté "absurde" et "symbolique" afin d'alerter, dit-il, sur la désertification médicale de sa commune.

Article rédigé par Licia Meysenq
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
La mairie de Laigneville, dans le département de l'Oise. (GOOGLE STREET VIEW)

Les habitants de Laigneville (Oise) ne pourront plus mourir chez eux. En tout cas, c'est ce qu'annonce un arrêté municipal pris mercredi 17 mai. "Certaines personnes ont cru que c'était sérieux et m'ont traité d'abruti", souffle Christophe Dietrich, contacté par franceinfo. Le maire, sans étiquette, a passé ce décret "absurde" et "symbolique" pour alerter sur le manque de médecins dans sa ville de 5 000 habitants, "en voie de désertification médicale".

Il l'a rédigé sur un coup de tête à la suite d'un décès, samedi 13 mai, le deuxième en trois semaines, qu'il peine à faire constater légalement. "J'ai du attendre six heures pour qu'un médecin vienne", fulmine Christophe Dietrich. Il passe une vingtaine d'appels et contacte les praticiens des environs de la commune, située à une soixantaine de kilomètres au nord de Paris. En vain. Il se tourne alors vers SOS Médecins et termine par demander la venue du Samu. "Ce sont eux qui ont fait le constat alors que ce n'est pas dans leurs attributions normalement", déplore-t-il.

Il espère une réaction du gouvernement

Selon l'édile, la situation risque d'empirer. "Ce qui se passe pour les défunts préfigure ce qui va se passer pour les vivants", déplore Christophe Dietrich. Les deux uniques praticiens de Laigneville prennent leur retraite à la fin de l'année et l'élu ne trouve personne pour les remplacer. 

J'ai aussi pris cet arrêté parce que certains de mes administrés doivent faire plus de cinquante kilomètres pour aller chez le médecin.

Christophe Dietrich

à franceinfo

Le maire a tenté de recruter des professionnels de santé en proposant des conditions de travail attractives : "La municipalité s'engageait à mettre des locaux à disposition gratuitement et de prendre en charge le secrétariat." Sans succès. "Je n'ai pas reçu beaucoup de candidats et ceux que j'ai vus avaient des prétentions très élevées." A l'image d'un praticien qui a exigé un logement, le financement d'une partie de son matériel et l'embauche de sa femme par la mairie pour s'installer dans la commune.

Christophe Dietrich ne voit aucune solution : "Je ne vais pas mettre un pistolet sur la tempe du médecin pour qu'il vienne travailler dans la commune." Cet arrêté est, selon lui, un message adressé au gouvernement. "C'est l'unique solution qu'il me reste pour être entendu. Eux peuvent prendre des mesures concrètes pour régionaliser la profession, c'est-à-dire fixer les médecins dans la région où ils ont fait leurs études." Pour l'instant le décret, illégal, n'a pas été transmis au préfet en charge de valider les arrêtés. Ce que le maire menace de faire si les choses ne changent pas.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.