Santé : quatre questions autour de la contraception gratuite pour les femmes de 18 à 25 ans
Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a annoncé ce jeudi sur France 2 que la gratuité de la contraception serait étendue à toutes les jeunes adultes, jusqu'à l'âge de 25 ans. Cette mesure ne concernait auparavant que les mineures.
Une "bonne nouvelle" ! Le mouvement du Planning familial, qui se bat depuis plusieurs décennies pour les droits des femmes, a salué l'annonce faite par le ministre de la Santé. La contraception sera désormais gratuite pour toutes les femmes jusqu'à l'âge de 25 ans, a déclaré Olivier Véran, jeudi 9 septembre, sur France 2. Jusque-là, cette gratuité était réservée aux adolescentes de moins de 18 ans.
Franceinfo répond à quatre questions sur cette décision gouvernementale.
Pourquoi jusqu'à 25 ans ?
La barre a été fixée à 25 ans car "c'est un âge qui correspond, en termes de vie économique, sociale et de revenu" à "davantage d'autonomie", a précisé le ministre de la Santé. "C'est aussi l'âge où l'on va quitter définitivement la complémentaire de santé de son foyer." Selon lui, "un certain nombre" de jeunes femmes doivent renoncer à la contraception, faute d'argent.
"J'ai fait le constat, en lien avec les autorités scientifiques, d'un recul de la contraception chez un certain nombre de jeunes femmes, et le premier motif c'est un renoncement pour raisons financières."
Olivier Véran, ministre de la Santésur France 2
"Cet élargissement de la gratuité représente un effort de 21 millions d'euros" par an, à compter du 1er janvier, a précisé le ministre.
Si elle s'est réjouie de cette "bonne nouvelle", la coprésidente du Planning familial, Caroline Rebhi, a estimé que la mesure "pourrait même aller jusqu'à 30 ans parce qu'aujourd'hui, la précarité ne fait qu'augmenter. C'est une première étape, mais on voit aujourd'hui qu'il y a des femmes qui sont au chômage et qui, arrivées à 30 ans, par exemple, ont besoin d'une gratuité pour une contraception qui coûte cher encore pour certains moyens de contraception."
Qu'est-ce qui sera remboursé exactement ?
"Il y aura une prise en charge de la contraception hormonale, du bilan biologique qui peut aller avec, de la consultation de prescription et de tous les soins qui sont liés à cette contraception jusqu'à 25 ans", a déclaré le ministre. En clair, c'est donc la pilule qui sera remboursée comme moyen contraceptif, mais aussi le diaphragme et le stérilet. Le ministère de la Santé doit encore donner des précisions sur le type de pilules, de stérilets et de diaphragmes concernés par cette gratuité, ainsi que sur les préservatifs féminins, qui n'ont pas été évoqués.
Qu'est-ce que ça change ?
"Ça va faciliter l'accès aux soins puisque le gouvernement met en place une gratuité à 100% financée uniquement par le régime obligatoire de Sécurité sociale", explique à franceinfo Jacques Battistoni, médecin généraliste et président du syndicat MG France.
"Les femmes de 18 à 25 ans qui n'ont pas de mutuelle ne seront plus pénalisées. Avant, elles devaient régler le ticket modérateur qui restait à leur charge et représentait 7,50 euros sur une consultation."
Jacques Battistoni, président du syndicat MG Franceà franceinfo
"Cela répond aux inégalités d'accès à la contraception un peu partout", ajoute la coprésidente du Planning familial, Caroline Rebhi, sur franceinfo. "Aujourd'hui, si [de 18 à 25 ans] vous vouliez avoir accès à une contraception de manière gratuite et anonyme, il fallait vous rendre dans un centre de planification, par exemple. Il n'y en a pas partout", précise-t-elle. Désormais, "cela sera accessible en ville de la même manière que pour les mineurs. C'est plutôt une bonne chose." Elle souligne aussi que la mesure permettra un accès anonyme à la contraception. "A l'âge de 18-20 ans, il y a certaines personnes qui sont encore sous le contrôle de leurs parents pour prendre des médicaments ou des contraceptifs."
"On n'a pas forcément envie, quand on a moins de 25 ans, de parler de sa sexualité à ses parents parce que la sexualité, globalement, est encore un sujet tabou dans la famille."
Caroline Rebhi, coprésidente du Planning familialsur franceinfo
"Et il ne faut pas oublier que beaucoup de femmes sont victimes de violences conjugales, ajoute Caroline Rebhi. Parfois, elles souhaitent prendre la contraception de manière anonyme parce que leur conjoint est violent."
Pour qui était-elle déjà gratuite?
La gratuité de la contraception était déjà accordée depuis 2013 aux adolescentes de 15 à 18 ans. Le taux de recours à l'IVG (interruption volontaire de grossesse) a d'ailleurs nettement baissé depuis en France, passant de 9,5 à 6 pour 1 000 entre 2012 et 2018.
Depuis août 2020, cette gratuité a été étendue aux moins de 15 ans. Pour justifier l'extension aux moins de 15 ans, le gouvernement avait précisé, à la fin 2019, que "chaque année, près de 1 000 jeunes filles de 12 à 14 ans sont enceintes en France" et que "parmi ces grossesses, 770 se concluent par une IVG".
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