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Déserts médicaux : "Malgré nos efforts, ça ne suffit pas", déplore le maire de Nevers contraint de faire venir des médecins par avion de Dijon

Pour justifier la mise en place d'un pont aérien hebdomadaire, l'édile explique qu'"Il n'y a jamais eu d'effort pour rapprocher Nevers de sa capitale régionale qu'est Dijon" et que son centre hospitalier départemental est "le plus éloigné d'un CHU en France".
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des médecins en provenance de Dijon arrivent à l'aéroport de Nevers (Nièvre) grâce à un pont aérien mis en place par la mairie, jeudi 26 janvier 2022. (CHRISTOPHE  MASSON / MAXPPP)

Le maire Renaissance de Nevers (Nièvre), s'est justifié jeudi 26 janvier sur franceinfo d'avoir organisé un pont aérien hebdomadaire entre Dijon et Nevers pour faire venir des médecins dans sa commune en situation de désert médical. Malgré la création de maisons médicales et de centres de santé, les habitants de la Nièvre trouvent difficilement des médecins. "Malgré nos efforts, ça ne suffit pas", déplore Denis Thuriot, également président du centre hospitalier de la ville. 

franceinfo : Quelle est la situation à Nevers ?

Denis Thuriot : C'est de plus en plus compliqué. Le département est en pénurie de médecins. L’agglomération commence à l'être et on aura pas mal de départs en retraite. C'est compliqué aujourd'hui pour un certain nombre de patients de trouver un médecin. On a aussi, dans l'avion qui a atterri à Nevers, deux médecins de SOS Médecins Dijon qui vont créer un SOS Médecins à Nevers pour aussi soulager les urgences. Mais malgré nos efforts, des maisons médicales, des centres de santé, etc., ça ne suffit pas.

Je veux quand même dénoncer l'irresponsabilité de ceux qui ont gouverné avant et qui ont bloqué la formation des médecins par le numerus clausus. Emmanuel Macron l'a supprimé, mais ça prend du temps.

Denis Thuriot, maire de Nevers

à franceinfo

J'invite les professions médicales à s'installer dans des territoires comme ceux de Nevers. En 8 à 15 jours, ils ont 2 500 patients et largement de quoi vivre avec un pouvoir d'achat accru et une rémunération largement correcte. C'est ça l'enjeu, c'est aussi de faire un focus sur notre territoire au-delà des interventions qui vont faciliter le traitement des gens.

N'est-ce pas trop compliqué logistiquement de faire venir des médecins par avion ?

Ce n'est pas compliqué. On a deux aéroports. Moi, je préside celui de Nevers. Il a vocation à accueillir des avions. Il y a l'aéroport de Dijon. L'argument c'est vraiment le temps de trajet. Il n'y a jamais eu d'effort pour rapprocher Nevers de sa capitale régionale qu'est Dijon. Nous sommes le centre hospitalier départemental le plus éloigné d'un CHU en France. Il faut l'entendre, donc c'est une priorité. Aujourd'hui, je réponds à l'argument qui m'a souvent été opposé, celui de me dire : "On veut bien venir à Nevers, c'est sympa, vous avez un hôpital qui est moderne, qui a une petite vingtaine d'années, mais le temps de trajet pour rentrer chez moi ou rejoindre ma compagne ou mon compagnon, ce n'est pas possible". Donc aujourd'hui, en 35 minutes, c'est possible.

Qui finance les trajets privés ?

C'est financé par le Groupement hospitalier de territoire. A l'hôpital, nous déplorons un déficit chaque année de l'ordre de 6 millions d'euros. Et sur ces 6 millions d'euros, 3,5 millions d'euros sont consacrés aux remplacements. Je remercie évidemment les intérimaires qui ont une prime parce qu'ils se déplacent. Je les distingue de ce qu'on appelle des mercenaires, des chasseurs de primes. J'ai encore eu une proposition à 3 000 euros la vacation. Ça coûte plus cher ! On finance une place d'avion à 670 euros à peu près aller-retour. Je ne désespère pas de faire baisser ces prix, d'ailleurs, si on assure un certain nombre de rotations. Si vous comparez ne serait-ce qu'à 2 000 euros une vacation, vous voyez que déjà on est gagnants et que si on s'y prend bien, qu'on se réorganise, on va même baisser le déficit de l'hôpital.

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