Déserts médicaux : plusieurs communes de la Nièvre "interdisent" symboliquement à leurs habitants de tomber malades

La commune de Decize a lancé le mouvement pour interpeller les autorités sur la situation "catastrophique" des urgences.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La Nièvre ne compte que 68 médecins pour 100 000 habitants contre une moyenne de 121 en France. (VANESSA MEYER / L'ALSACE / MAXPPP)

Les arrêtés sont "symboliques" mais la situation est bien réelle. Plusieurs communes de la Nièvre ont pris des arrêtés "interdisant" à leurs habitants de tomber malades, afin de dénoncer la situation "catastrophique" des urgences dans ce département réputé pour être un des pires déserts médicaux de France. "Il est formellement interdit à tout habitant de tomber malade, sous peine de ne recevoir aucune prise en charge médicale en raison de la fermeture répétée des services d'urgences", formule l'arrêté pris par la commune de Decize, première à lancer le mouvement, le 8 octobre.

Si cette interdiction relève de l'humour, le sujet est "très grave", a expliqué lundi 14 octobre à l'AFP Justine Guyot, la maire PS de cette commune d'environ 5 600 habitants. Les urgences de l'hôpital du gros bourg "ont été placées en mode dégradé, voire complètement fermées à 24 reprises depuis mars", souligne-t-elle. Une fois, les urgences de l'hôpital de Nevers, à 40 minutes de voiture, étaient aussi fermées. "Il n'y avait alors aucun service d'urgences dans toute la Nièvre", qui compte environ 200 000 habitants, souligne l'édile. "Je voulais donc interpeller" en prenant cet arrêté "ironique" et en l'envoyant à l'ensemble des communes de la Nièvre, poursuit-elle.

La sécurité des patients n'est "plus assurée"

Depuis, "une vingtaine" de maires ont copié cette initiative, comme celui de Montigny-aux-Amognes. "La Nièvre, c'est une catastrophe", résume pour l'AFP Christian Perceau, maire de ce village de moins de 600 habitants. "On a d'énormes soucis avec les urgences à Nevers. C'est géré par le 15 à Dijon", la capitale régionale à environ 2h30 de route, "mais il y a des erreurs...", souligne le maire, évoquant le cas de sa tante, dirigée, en raison d'un mal de ventre, vers un médecin d'une autre commune : "Quand elle y est arrivée, elle a trouvé porte close : la généraliste avait déménagé..."

La Nièvre ne compte que 68 médecins pour 100 000 habitants contre une moyenne de 121 en France. Il n'y a pas de dermatologue, un seul rhumatologue, un allergologue... et 20% des patients n'ont pas de médecin traitant. La situation est telle qu'un "pont aérien" a été mis en place en janvier 2023 afin d'amener depuis Dijon, une fois par semaine au moins, un maximum de huit médecins à l'hôpital de Nevers. En mars, un collectif d'urgentistes de Nevers avait averti que la sécurité des patients n'était "plus assurée", les urgences tournant avec six praticiens, alors que 27 seraient nécessaires.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.