: Reportage "Une bonne solution quand on a des petits bobos" : face à la pénurie de médecins, les téléconsultations en pharmacie en nette hausse
Face à la pénurie de médecins et à la crise de l'hôpital, le recours à la téléconsultation augmente. Selon l'opérateur Medadom, l'un des leaders français de la télémédecine, les téléconsultations réalisées sur ses bornes et cabines installées partout en France sont en hausse de près de 57% depuis le début de l’année : 22% de plus pour le seul mois de juillet, par rapport au même mois l'année dernière. Et pour cause : dans certaines communes comme à Créances dans la Manche, c'est la seule offre de soin de proximité.
>> Téléconsultations : polémique autour d'un abonnement proposé par le groupe Ramsay
À Créances, dans la Manche, lorsqu'on est malade, on ne va pas chez le médecin : il n'y en a plus. En revanche, on se dirige vers la pharmacie. "Je suis venue parce que j'avais une petite mycose à la langue et pas de sensation, des brûlures aussi, par rapport à un traitement d'antibiotiques. On m'a conseillé de venir là", explique une patiente.
Derrière le comptoir, dans un bureau fermé, se cache la cabine de téléconsultation. Elle a été installée en décembre dernier après le départ à la retraite de l'unique médecin de la commune. Depuis, les rendez-vous se font derrière un écran, casque sur les oreilles et charlotte sur la tête, pour des questions d'hygiène.
Des stéthoscopes, tensiomètres et thermomètres connectés
"Vous mettez votre carte Vitale, on vous fait patienter comme si vous étiez chez un docteur classique, détaille la patiente. Et puis on vous envoie un code que vous cliquez sur votre téléphone et puis vous avez le docteur en direct". En cas de besoin, la pharmacienne, Corine Launay, n'est jamais très loin : "Ça, c'est un stéthoscope, qui est connecté. Ça, c'est un oxymètre, pour voir la saturation en oxygène ; il est connecté aussi. Et là, c'est un tensiomètre et un thermomètre. Et puis il y a la caméra. De temps en temps, les patients ont besoin qu'on les aide".
"Je suis contente, glisse la patiente en sortant de la cabine. Si j'avais eu quelque chose de plus important, je serais allée ailleurs, à l'hôpital ou autre. Mais là, pour quelque chose de bénin, ça me va très bien".
Une solution pour les "petits bobos"
La cabine n'est d'ailleurs conçue que pour les soins non-programmés, prévient la professionnelle de santé. "En aucun cas, une cabine de téléconsultation ne peut remplacer un médecin traitant. Par contre, je trouve que c'est une bonne solution quand on a des petits bobos, comme une piqûre d'insecte, une fièvre à 40° ou une cystite... Cela a quand même permis de débrayer pas mal de situations complexes, où les gens étaient en errance médicale, et cela permet de ne pas aller engorger les urgences".
Une solution à la pénurie de médecins, essentielle dans ce village, mais pas optimale pour autant. La cabine de téléconsultation peut accueillir jusqu'à huit patients par jour, là où un médecin peut en voir une trentaine.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.