Santé : "Subitement, il faut absolument 10 ans pour être bien formés", dénoncent des internes en médecine générale en grève
Les principaux syndicats d’internes en médecine appellent à la grève ce vendredi pour protester contre l'allongement d'un an des études des futurs généralistes, que le gouvernement souhaite orienter "en priorité" vers les déserts médicaux.
Une dixième année d’étude pour devenir médecin généraliste, les principaux syndicats d'internes s'y opposent fermement. Un appel à la grève est lancé vendredi 14 octobre pour demander au gouvernement de renoncer à cette mesure prévue dans l'article 23 du projet de loi de financement de la sécurité sociale de 2023. Un rassemblement est prévu à 14h devant le ministère de la Santé à Paris et des manifestations seront organisées dans plusieurs villes de France dont Lyon, Nantes et Bordeaux, avec un mot d'ordre : "La coercition, c'est non".
Raphaël Presneau, le président de l’ISNAR-IMG, syndicat national représentant les internes de médecine générale, s'interroge. "Depuis des années, on considère que les médecins généralistes sont bien formés en 9 ans et subitement, il leur faut absolument 10 ans pour être bien formés. Pourquoi ? Les internes ne demandent pas à avoir cette dixième année d’étude."
Une dernière année d'étude dans un désert médical
Autre sujet de mécontentement, le ministre de la Santé souhaite inciter les 11 000 internes en médecine générale à effectuer cette année d’étude supplémentaire dans un désert médical. Raphaël Presneau estime que cela n'a pas sens. "Nous ne pourrons pas aller, en tant qu’internes, dans des territoires où il n’y a pas de médecin puisque, par définition, nous sommes des étudiants et donc des personnels en formation. Il faudra donc que nous soyons encadrés".
"Il est hors de question que se développent des pépinières d’internes où des internes consultent seuls dans les locaux, sans médecin référent."
Raphaël Presneaufranceinfo
"Il s’agit ni plus ni moins qu’un déguisement pour une année d’exploitation supplémentaire des internes", dénonce le syndicat ISNAR-IMG dans un communiqué. Raphaël Presneau répète que les internes en médecine générale sont "des personnels en formation". De fait, il explique que les interne ne peuvent pas assurer des consultation "sans médecin référent dans le même bâtiment, à qui ils pourront poser des questions".
Le syndicat ISNAR-IMG juge "inacceptable de faire peser les difficultés d’accès aux soins sur des internes encore en formation". Le ministre de la Santé François Braun assure que ce n'est pas la volonté du gouvernement. L'allongement de la durée de l'internat pour les études de médecine générale "est faite pour améliorer la formation des médecins généralistes, absolument pas pour résoudre le problème des déserts médicaux", affirmait-il sur franceinfo le 27 septembre dernier.
Le ministre a néanmoins admis que le gouvernement souhaite effectivement "inciter très fortement" les étudiants à aller dans les déserts médicaux, en leur proposant entre autres une "rémunération différente". Il a précisé que ce serait "pas une obligation". François Braun a expliqué que cette incitation permettrait de "répondre en partie" à la pénurie de médecins dans certains territoires "puisqu'il n'y a pas de solution miracle".
Un an d'internat en plus ➡️ "Cette 4e année est faite pour améliorer leur formation”, défend François Braun. “Nous allons inciter fortement à la faire dans des déserts médicaux, avec une rémunération différente, des possibilités de logement, des maîtres de stage bien formés.” pic.twitter.com/WMq18SRPuT
— franceinfo (@franceinfo) September 27, 2022
Les syndicats d’internes sont persuadés que ces mesures seront contre-productives. Selon eux, les étudiants en médecine risquent de ne plus choisir la spécialité médecine générale.
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