: Vidéo Comment l'usage du cannabis est-il réglementé en Angleterre, en Allemagne, aux Pays-Bas et en Israël ?
Chaque semaine dans le monde en face, une même actualité vue par quatre correspondants de franceinfo. Aujourd'hui, direction l'Angleterre, l'Allemagne, les Pays-Bas et Israël pour faire le point sur l'usage du cannabis thérapeutique.
Faut-il dépénaliser ou légaliser le cannabis en France ? C'est un débat qui réapparaît régulièrement et dont l'Assemblée nationale s'est emparée. Une mission d'information parlementaire est chargée du dossier. Elle a lancé une consultation citoyenne sur l'usage récréatif du cannabis. L'expérimentation du cannabis thérapeutique, approuvé par les députés, doit commencer dans quelques semaines. Quelle elle est la réglementation à l'étranger ? Cette semaine, on vous emmène en Angleterre, en Allemagne, aux Pays-Bas et en Israël, des pays qui sont plus ouverts que la France sur la question.
Au Royaume-Uni, la situation est assez comparable à la France. Le cannabis est une drogue assez répandue, même s'il est interdit de fumer un joint. Mais il y a davantage de souplesse, notamment avec le cannabis thérapeutique qui est autorisé, même s'il y a peu de consommateurs. Le cannabis pourrait rapporter beaucoup d'argent à l'État. Alors en période de pandémie où les caisses sont vides, les études se multiplient pour essayer d'établir précisément les potentielles recettes. Plus d'un milliard d'euros d'argent public pourrait être économisé en cas de légalisation du cannabis, notamment grâce aux frais de santé, de police, de justice, de prison. Ce serait de l'argent qui pourrait être utilisé dans d'autres secteurs, souligne Norman Lamb, un ancien ministre de David Cameron. Il s'est rendu au Canada il y a deux ans avec une équipe de la BBC pour découvrir cette industrie. Avant de revenir à Londres, il a consommé du cannabis et a déclaré que son vol retour était très agréable et qu'il avait dormi comme un bébé. Il a ensuite présenté un texte devant le Parlement pour essayer d'obtenir la légalisation du cannabis, mais sa proposition a été retoquée.
En Allemagne, l'usage récréatif du cannabis est dépénalisé. Les consommateurs ne risquent pas d'être arrêtés s'ils sont en possession de quelques grammes d'herbe. Cela peut aller jusqu'à 15 grammes à Berlin. Dans le parc de Görlitz par exemple, endroit qui a la réputation d'être mal famé, des dealers côtoient les familles et les promeneurs depuis des décennies. Qu'il pleuve ou qu'il vente, ils cohabitent avec les parents, les enfants, les groupes qui viennent faire des barbecues. La police ne parvient pas à les faire sortir du parc. Alors la municipalité de gauche a proposé de créer des zones de deal, en encerclant certains bancs par un trait de peinture rose pour délimiter les espaces où les vendeurs pourraient faire leur commerce. Mais la mesure a fait scandale, la presse conservatrice a parlé d'un abandon de l'État et le projet n'a pas vu le jour. Depuis quatre ans, la loi allemande autorise les médecins à prescrire du cannabis à usage thérapeutique, ce qui a entraîné une multiplication des magasins qui vendent des produits dérivés du cannabis.
En Israël, le cannabis thérapeutique est une véritable industrie. Il est utilisé depuis 15 ans pour soigner le stress post-traumatique des militaires, des victimes d'attentats, des malades du cancer et des épileptiques. Un groupe allemand a d'ailleurs signé, il y a quelques jours, un partenariat avec le principal fabricant israélien de cannabis thérapeutique. L'usage de cannabis récréatif reste, en revanche, une infraction. Mais le sujet revient régulièrement dans le débat politique, et Benyamin Nétanyahou lâche un peu plus de lest à chaque campagne électorale. Désormais, fumer un joint est puni d'un simple amende. Le Premier ministre israélien a également installé une commission qui réfléchit à la dépénalisation.
Aux Pays-Bas, la consommation de cannabis est évidemment autorisée, depuis 1976. C'est d'ailleurs là-bas que se retrouvent souvent les fumeurs européens. Chaque citoyen peut consommer de petites doses (moins de cing grammes) et cultiver légalement cinq plants pour son usage personnel. La vente dans les coffee shops est tolérée partout dans le pays. Mais souvent le cannabis est acheté via des filières à l'étranger, au sein de réseaux de criminalité, ce qui alimente les trafics. Alors l'État envisage d'encadrer la production sur son sol et lance un appel d'offres. Dix producteurs ont été tirés au sort, parmi 39 candidats jugés sérieux. Après une enquête sur leur intégrité, ils doivent, sans doute d'ici la fin de l'année, produire et fournir aux coffee shops de leur localité du chanvre et du haschich, dont la qualité sera contrôlée par les autorités. L'usage de cannabis thérapeutique est également légal.
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