En défendant le vin Emmanuel Macron s'oppose à la ministre de la Santé
Lors d’une conférence de presse en marge du salon de l’Agriculture qui se tiendra à Paris du 24 février au 4 mars prochain, Emmanuel Macron a déclaré jeudi 22 février "boire du vin midi et soir", ajoutant qu'il n'y aurait "d'amendement pour durcir la loi Evin" restreignant la publicité pour les boissons alcoolisées.
"Moi, je bois du vin le midi et le soir. Je crois beaucoup à la formule de (Georges) Pompidou : « n’emmerdez pas les Français »", a-t-il indiqué. Selon lui, "il y a un fléau de santé publique quand la jeunesse se saoule à vitesse accélérée avec des alcools forts ou de la bière, mais ce n’est pas avec le vin".
Pourtant, il y a 15 jours, la ministre de la Santé avait déclaré, sur un plateau de France 2 : "L'industrie du vin laisse croire aujourd'hui que le vin est différent des autres alcools. En termes de santé publique, c'est exactement la même chose de boire du vin, de la bière, de la vodka ou du whisky… Il y a zéro différence (…) On a laissé penser à la population française que le vin serait protecteur, qu'il apporterait des bienfaits que n'apporteraient pas les autres alcools. C'est faux scientifiquement, le vin est un alcool comme un autre".
Une déclaration qui a occasionné la publication d'une tribune, signée de plusieurs personnalités, dans le Figaro du 21 février, intitulée "Mme Buzyn, cessez de diaboliser le vin, qui est une part de la civilisation française!".
Le vin, un alcool pas comme les autres ?
Mais pour le Pr Michel Reynaud, psychiatre, addictologue, et président du Fonds Actions Addictions, invité hier sur la plateau du Magazine de la Santé : "Il faut rendre hommage à Mme Buzyn ; elle a été très courageuse en tenant ce discours de vérité". Et d’ajouter : "En France, attaquer le vin c’est attaquer des puissances énormes".
"Que quelqu’un ose dire qu’il n’y a pas d’alcool dans le vin !", avait ironisé le Pr Reynaud, sur le plateau du Magazine de la Santé. "On sait depuis des années que l’alcool est un facteur cancérigène (…) On a montré récemment que c’est le deuxième facteur de risque après le tabac", avait-il précisé, ajoutant "dès qu’il y a consommation régulière d’alcool, il y a augmentation du risque (…) Et le vin fait partie de l’alcool". Ce qui n’empêche en rien le fait que "à côté de ça, (l’alcool est) un très bon facteur de plaisir", avait souligné l’addictologue. Un produit "bon pour le plaisir mais dangereux pour la santé", avait-il conclut.
Interview du Pr Reynaud, psychiatre addictologue. Le Magazine de la Santé le 22/02/2018
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