Les serviettes hygiéniques, la nouvelle drogue des ados indonésiens
En quelques jours, l’information a fait le tour de la presse asiatique et a même gagné les Anglo-saxons... En Indonésie, certains adolescents auraient trouvé un moyen des plus étranges pour se droguer : les serviettes hygiéniques. La plupart, des enfants des rues de 13 à 16 ans, feraient bouillir les serviettes, ce qui permettrait de distiller les composants chimiques et les gels qu’elles contiennent. Boire le breuvage ainsi obtenu ferait "planer" pendant quelques instants.
Chercher de nouvelles sensations
Comme le rapporte Vice Asie, les autorités ont vite réagi. "Certains matériaux ne sont pas considérés comme des drogues ou des psychotropes aux yeux de la loi, mais ils peuvent être mal utilisés", a déclaré le Commandant supérieur Suprinatro, chef du département pour l’éradication des drogues. Le 6 novembre dernier, dans le journal Jawa Pods, il a estimé au nom de l’agence indonésienne de lutte contre la drogue qu’il fallait "éduquer les gens là-dessus".
Mais malgré le tollé que cette information suscite, la pratique ne serait pas nouvelle. Auparavant, ces adolescents défavorisés préféraient inhaler de la colle, mais beaucoup d’entre eux chercheraient désormais de nouvelles sensations. "Avant, ils utilisaient des serviettes usagées. Mais maintenant, la plupart du temps, ils en prennent des neuves, car elles contiennent plus de gel", explique le Pr Indra Dwi Purnomo, qui enseigne la psychologie et travaille avec des enfants des rues.
Un effet cocktail des plus nocifs
Plus inquiétant encore : le possible effet cocktail des substances contenues dans les serviettes qui, associées à d’autres, peuvent devenir extrêmement toxiques. Les matières absorbantes contenues dans les serviettes sont en effet des dérivés du pétrole. Par ailleurs, aucune information sur les parfums des serviettes n’est communiquée par les fabricants. "La plupart de ces enfants sont très intelligents, et ils trouvent différentes façons de préparer leur mixture sur Internet", explique Sitty Hikmawatty, commissaire au Comité indonésien de protection de l’enfance.
Même le ministère de la Santé a réagi à la polémique en annonçant que des recherches allaient être faites pour trouver ce qui fait planer ces enfants. Néanmoins, aucune aide gouvernementale n’est prévue pour les sortir de la misère. Comme Vice le rappelle, en Indonésie, des millions de serviettes sont jetées chaque mois. A cause d’une croyance populaire en effet, il est extrêmement rare que les Indonésiennes achètent des tampons, car ceux-ci sont supposés mettre à mal la virginité.
Par ailleurs, les autorités locales, tout comme la presse, sont très préoccupées par les questions de drogues. L’année dernière par exemple, les journaux ont relayé en masse une sordide histoire de relaxant musculaire qui aurait entraîné de graves crises chez des dizaines d’enfants. Récemment encore, selon médias indonésiens, un mineur se serait évanoui après avoir ingéré de l’ecstasy, pensant que c’était un bonbon.
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