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"Un mégot de cigarette, c’est 500 litres d’eau pollués", prévient l'association de défense des océans Surfrider Europe

Antidia Citores, porte-parole de Surfrider Europe, réagit sur franceinfo après que les industriels du tabac ont été reçus jeudi par la secrétaire d’État à la Transition écologique, Brune Poirson, à propos de la gestion des mégots de cigarettes.

Article rédigé par franceinfo
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Des mégots de cigarettes dans une rue de Paris (JACQUES DEMARTHON / AFP)

"Notre objectif c’est que le produit de départ soit le moins impactant mais aussi que le consommateur soit conscient de son geste et qu’il en change", explique à franceinfo le porte-parole de l'association de défense des océans Surfrider Europe, Antidia Citores, alors que les industriels du tabac ont été reçus jeudi 14 juin par la secrétaire d’État à la Transition écologique Brune Poirson à propos de la gestion des mégots de cigarettes. Le gouvernement voulait notamment discuter d’un principe de "responsabilité élargie du producteur".

franceinfo : Que pensez-vous de cette initiative du gouvernement ?

Antidia Citores : Je pense qu’il est important effectivement de rencontrer ces industries pour les responsabiliser, puisque ce sont les fabricants qui sont à la source de cette pollution et en particulier de la pollution chimique. La combustion de la cigarette fait que l’on va retrouver ces produits chimiques, notamment l’arsenic, et ce pendant des années. Un mégot c’est 500 litres d’eau pollués. Cette initiative est selon nous positive, elle était attendue depuis longtemps. La responsabilisation doit se faire pour les cigarettiers en matière de recherche et développement : essayer de faire en sorte que ces mégots soient les moins impactant et sensibiliser leurs clients à ne pas jeter par terre ni jeter en mer. Nous attendons de la fermeté de la part du gouvernement, qu’il fasse en sorte que ce qui n’a pas été acté dans les dernières feuilles de route pour une économie circulaire, soit maintenu. On espère aussi que ces engagements pourront être portés au niveau international car les pollutions ne connaissent pas de frontière.

La responsabilisation et la sensibilisation peuvent-elles se passer d'un volet "obligation"  ?

C’est le troisième volet. A partir du moment où la responsabilisation et la recherche et le développement ne sont pas vraiment mis en œuvre ni appliqués pour l'instant, il est parfois important de menacer du bâton pour obtenir des actions concrètes. Ce problème, nous le dénonçons, au sein de Surfrider, depuis des années et il est maintenant important que des actes soient pris. La responsabilité élargie des producteurs (REP), qui concerne au final la plupart des produits, peut très bien s’appliquer aussi sur ce produit de consommation massive. Pourquoi les frigos et pas les cigarettes ? La REP peut aussi permettre de dégager des fonds pour la dépollution. Je ne suis pas forcément favorable au fait de financer des associations car ça ne sera pas un progrès dans le fait de prévenir à la source la pollution. Notre objectif c’est vraiment que le produit de départ soit le moins impactant mais aussi que le consommateur soit conscient de son geste et qu’il en change.

Comment expliquer des chiffres aussi importants de mégots jetés malgré la mise en place de la verbalisation ?

La verbalisation est existante, mais limitée. On ne peut pas être derrière chacun des Parisiens. En revanche, ce qu’il faut faire c’est vraiment arriver à faire prendre conscience aux Parisiens et aux autres citoyens de France que ce simple geste a un véritable impact. C’est l’objet de nos collectes. On n'est pas là pour nettoyer les rives du canal, on est là pour faire prendre conscience à tout un chacun qui se dit en montant dans le bus qu’il n’a pas le temps de faire dix mètres de plus jusqu’à la poubelle, qu’il y a de véritables conséquences sur le milieu. On retrouve ces mégots de cigarettes dans les estomacs de poissons et dans nos assiettes finalement.

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