L'exposition aux écrans le matin a un lien avec le risque de troubles du langage chez les enfants, selon une étude
Les résultats ne peuvent pas prouver de lien direct de cause à effet, mais établissent un lien statistique certain, affirme une des auteurs de cette étude publiée par l'agence Santé publique France.
Les écrans ne font pas de bons baby-sitters. Les jeunes enfants exposés aux écrans le matin avant d'aller à l'école auraient trois fois plus de risque de développer des troubles primaires du langage, affirme une étude publiée, mardi 14 janvier, dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de l'agence sanitaire Santé publique France (SpF).
L'étude s'intéresse à l'usage de la télévision, des consoles de jeux, des tablettes, des smartphones et autres ordinateurs par les enfants de 3 ans et demi à 6 ans et demi. Si, en plus, ils discutent "rarement, voire jamais" de ce qu'ils voient sur ces écrans avec leurs parents, ces enfants multiplieraient par six leur risque de développer des troubles du langage, expliquent les chercheurs. Parmi les enfants étudiés présentant des troubles du langage, 44,3% étaient exposés aux écrans le matin avant l'école, contre 22,0% de ceux qui en étaient indemnes.
"Ce n'est pas le temps passé devant les écrans, en moyenne vingt minutes le matin, mais le moment de la journée qui a un impact", explique à l'AFP l'une des chercheuses, la docteure Manon Collet, de l'université de Rennes. "Cela va épuiser leur attention et les rendre moins aptes aux apprentissages", ajoute-t-elle. L'étude ne peut pas prouver de lien direct de cause à effet, mais établit un lien statistique certain, renforcé par les résultats de la recherche médicale déjà publiée, poursuit la chercheuse. L'article rappelle toutefois en conclusion qu'"il n'existe aucun consensus international sur l'exposition aux écrans".
Un questionnaire rempli par les parents
L'étude a porté sur un groupe de 167 enfants atteints de troubles primaires du langage et un groupe de 109 qui en étaient indemnes. Il s'agit d'enfants d'Ille-et-Vilaine, nés entre le 1er janvier 2010 et le 31 décembre 2012 lorsqu'ils étaient âgés de 3 ans et demi à 6 ans et demi, tranche d'âge correspondant à la période de dépistage des troubles du langage. Les enfants dont les troubles étaient dus à des pathologies ou handicaps (prématurité, maladie congénitale, troubles neurologiques, psychiatriques ou de l'audition) ainsi que ceux dont les parents ne parlaient pas français ont été exclus de l'étude. Les informations ont été obtenues par un questionnaire rempli par les parents.
Par le passé, des études ont déjà montré que les jeunes enfants exposés aux écrans avaient moins d'interaction émotionnelle avec leur entourage. Des échanges pourtant essentiels à leur développement psychomoteur, en particulier le développement du langage. "Peut-être que le problème n'est pas l'écran, mais le manque d'interaction avec les parents", nuance d'ailleurs le professeur de psychologie Grégoire Borst dans 20 Minutes.
En France, le développement du langage des enfants est évalué en médecine scolaire à l'âge de 4 ans, selon une échelle validée par la Haute Autorité de santé (HAS). Des études françaises ont montré que 4 à 6% des enfants étaient atteints de troubles primaires du langage.
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