Obésité et grossesse : l'immunité du nourrisson affaiblie
Aux Etats-Unis, 60% des femmes enceintes sont en surpoids ou obèses. Une condition qui peut avoir des effets graves sur la santé de la maman et de son nouveau-né. Si l'on sait déjà que l'obésité expose l'enfant à des risques cardiovasculaires et asthmatiques, elle aurait également une influence négative sur le système immunitaire du nourrisson. Ces dégâts à long terme pourraient le rendre plus sensible aux infections, selon une étude publiée dans Pediatric Allergy and Immunology.
Les chercheurs ont analysé le sang du cordon ombilical de 39 nourrissons(1) nés à terme de mères en surpoids (avant et pendant la grossesse) ou au poids normal. Des cellules spécifiques du système immunitaire (dendritiques et monocytes) ont ensuite été isolées et mises en réaction avec des antigènes bactériens. Résultat : le sang d'enfants nés de mères au poids élevé a été incapable de réagir aux bactéries. D'autre part, ces nourrissons possédaient moins de lymphocytes (2) que ceux issus de mères minces.
Des bébés qui pourraient être moins réactifs aux vaccins
Certaines cellules, les éosinophiles, qui jouent un rôle important dans l'allergie et l'asthme sont également moins présentes chez ces premiers. Selon les chercheurs, ces observations viennent confirmer plusieurs études de corrélation entre asthme et obésité de la femme enceinte. "Quand les mamans viennent pour des visites prénatales, les médecins les préviennent au sujet du tabagisme, de l'usage de drogues récréatives et d'alcool. Mais ils devraient aussi leur parler du poids. L'obésité a de graves répercussions sur la santé maternelle", souligne Ilhem Messaoudi, auteure principale.
Si cette étude n'inclut qu'une petite cohorte de nourrissons, les résultats devraient tout de même encourager les femmes obèses à parler de leur poids avec leur gynécologue, avant même la grossesse. Par ailleurs, ces conclusions interrogent sur les pratiques vaccinales… Car le système immunitaire des enfants nés de mères obèses pourrait faiblement réagir aux vaccins, pourtant essentiels dans les premières années de vie.
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(1) Parmi les 39 mères aucune ne fumait, ni n'était atteinte de diabète ou de complications de grossesse. Seul leur poids différait.
(2) Lymphocytes T CD4
Source : Maternal Obesity alters immune cell frequencies and responses in umbilical cord blood samples. I. Messaoudi et al. Pediatric Allergy and Immunology, mai 2015. doi: 10.1111/pai.12387
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