Déploiement de la 5G : "Il n'y a pas eu d'études" sur les effets sanitaires des nouvelles fréquences, déplore l'Anses
La technologie 5G, dont les premières offres seront lancées à la fin de l'année, doit utiliser de nouvelles bandes de fréquences qui n'ont pas encore été évaluées, alerte l'Agence nationale de sécurité sanitaire.
Dans son rapport préliminaire publié lundi 27 janvier, l'Anses (l'Agence nationale de sécurité sanitaire) note un manque de données statistiques sur les effets sanitaires de l'exposition à certaines fréquences utilisées par la 5G qui doit être prochainement déployée.
"La 5G va utiliser des nouvelles fréquences, et il n’y a pas eu d’études sur fréquences-là", a expliqué sur franceinfo Olivier Merckel, chef d’évaluation des risques liés aux nouvelles technologies à l’Anses. "On se pose des questions pour les fréquences utilisées aux alentours de 2025 comme 26Ghz", a-t-il ajouté.
franceinfo : Qu’est-ce qui vous a conduit à ce constat de manque de données ?
Olivier Merckel : La 5G est annoncée par les industriels qui la mettent en place comme une nouvelle technologie qui va permettre toute une palanquée d’applications : la téléphonie mobile à ultra haut débit, la possibilité pour des milliers d’objets connectés de communiquer entre eux, ou encore la voiture autonome. Toutes ces applications-là n’existent pas. La 5G va donc utiliser des nouvelles fréquences, 3,5Ghz ou 26Ghz. Il n’y a pas eu d’études sur ces fréquences-là. La première bande de fréquence qui va être déployée, à la fin de l’année a priori, c’est 3,5Ghz qui est relativement proche des fréquences qui sont utilisées aujourd’hui par la 4G par exemple. Là on a des données. Ça fait plus de dix ans qu’on travaille sur la question des risques liés aux radiofréquences et on va voir si on peut extrapoler ces données disponibles à la 5G.
Peut-il y avoir des effets sanitaires différents liés à la 5G, par rapport à ce qu’on connaît en France depuis des années, la 4G, la 3G ?
Pour la fréquence de 3,5Ghz qui est très proche, a priori il n’y a pas de grandes différences finalement avec ce qu’on connaît déjà. L’interaction de ces champs électromagnétiques avec le corps humain, à 3,5Ghz ou à 2,5Ghz (ce qui est le cas du wifi), est vraisemblablement très proche. Par contre, on se pose des questions pour les fréquences qui sont utilisées plus tard, aux alentours de 2025, comme 26Ghz. Là on a un comportement différent de ces fréquences avec le corps, ce qui est d’une certaine façon assez rassurant : elles ne pénètrent plus dans le corps humain. On a essentiellement une absorption par les premières couches de la peau.
Quels peuvent être les effets sanitaires ?
Quand on circule dans la rue, on est exposés aux champs magnétiques émis par les antennes relais, mais l’exposition la plus importante, c’est celle que l’on reçoit de notre téléphone. Il y a eu beaucoup d’études là-dessus, et même si aujourd’hui il reste quelques incertitudes, toutes les données qu’on a pu recueillir ne mettent pas en avant un lien de cause à effet entre l’exposition à ces téléphones mobiles et le risque de tumeurs cérébrales. Quelques études mettent en avant une augmentation, mais on ne peut pas démontrer que l’exposition au téléphone mobile est bien la cause de ces tumeurs.
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