Particules ultrafines, carbone suie, 1,3-butadiène... Ces polluants que l'on respire inquiètent les autorités sanitaires
L'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a préconisé jeudi la mise en place d'une surveillance réglementaire du 1,3-butadiène et le suivi renforcé des particules ultrafines et du carbone suie.
Ce sont des polluants peu ou pas surveillés à l'heure actuelle. Dans une liste de 13 nouveaux polluants prioritaires, l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a préconisé, jeudi 28 juin, la mise en place d'une surveillance réglementaire pour le 1,3-butadiène, un cancérogène issu du trafic routier, et la surveillance renforcée des particules ultrafines et du carbone suie.
De premières étapes avant que ces substances ne rejoignent éventuellement les 13 polluants de l'air déjà mesurés dans le cadre de directives européennes qui remontent à 2004 et 2008. D'où viennent-elles ? Quelles sont leurs conséquences sur notre santé ? Voici ce que l'on sait de ces trois polluants dans le viseur des autorités sanitaires.
Le 1,3-butadiène
Quelle est son origine ? Ce gaz est "un polluant émis notamment par des activités industrielles traitant du plastique et du caoutchouc, mais aussi par l'échappement des moteurs automobiles et la fumée de cigarettes", explique l'Anses.
Quelles sont ses conséquences sur la santé ? Cet hydrocarbure est "un cancérogène de catégorie 1", c'est-à-dire un cancérogène avéré ou présumé pour l'être humain, par le Centre international de recherche sur le cancer (PDF, en anglais). "Il est particulièrement problématique car il attaque plusieurs sites de l'organisme : poumons, moelle osseuse, système lymphatique…", explique Valérie Pernelet-Joly, responsable de l'unité d'évaluation des risques liés à l'air à l'Anses, interrogée par Le Monde.
Où est-on exposé ? Selon le Circ, les personnes les plus exposées travaillent dans l'industrie, en particulier dans les raffineries et les usines qui fabriquent des produits à base de caoutchouc. "Le 1,3-butadiène a été largement détecté dans l'air ambiant, mais à des niveaux bien plus faibles (de l'ordre du µg/m3) que ceux relevés dans l'environnement professionnel (de l'ordre du mg/m3)", écrit le Circ dans sa monographie (PDF, en anglais).
De "fortes concentrations peuvent toutefois être observées à proximité des sources, comme des incendies, de la fumée de cigarette, des émissions des voitures", précise le Circ. L'Anses explique également que les différentes mesures ponctuelles ont permis d'observer "fréquemment" des "dépassements de la valeur toxique de référence quelle que soit la typologie des sites de mesures".
Les particules ultrafines (PUF)
Quelle est leur origine ? Comme leur nom l'indique, elles sont encore plus petites que les particules fines : leur diamètre est inférieur à 0,1 micron contre 2,5 microns pour les particules fines PM2,5. Elles sont produites par le trafic routier, en particulier les véhicules diesel, comme l'expliquait Le Monde en février, et certains types d'industrie.
Quelles sont leurs conséquences sur la santé ? Ces particules sont encore plus dangereuses que les particules fines parce qu'elles pénètrent plus profondément dans l'organisme. Elles peuvent avoir "des effets sur le système nerveux ou sur le système respiratoire", explique Valérie Pernelet-Joly à l'AFP. Pour rappel, les gaz d'échappement de diesel sont classés "cancérogènes certains" (groupe 1) par l'OMS depuis 2012.
Où est-on exposé ? Comme les particules fines, les PUF se concentrent autour des principaux axes routiers.
Le carbone suie
Quelle est son origine ? Le carbone suie appartient aux particules fines PM2,5 et est émis lors de phénomènes de combustion. "Ses principales sources sont les moteurs à combustion (diesel essentiellement), la combustion résidentielle de bois et de charbon, les centrales électriques, l'utilisation de fioul lourd ou du charbon, la combustion de déchets agricoles ainsi que les incendies de forêt et de végétation", expliquait Airparif (PDF), l'organisme chargé de mesurer la pollution en Ile-de-France, en 2014.
Quelles sont ses conséquences sur la santé ? Le carbone suie est un peu le cheval de Troie des polluants. Comme toutes les particules fines, il a la capacité physique de pénétrer dans l'organisme via les poumons. Mais cette substance a la particularité de se comporter comme un aimant pour d'autres particules et elle "va servir de vecteur pour les emmener dans les poumons", explique Valérie Pernelet-Joly à l'AFP.
Où est-on exposé ? Comme les particules fines, le carbone suie se trouve principalement autour des axes routiers, comme le montre cette carte (PDF) issue d'un magazine d'Airparif publié en 2014.
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