Pollution à la dioxine en Seine-et-Marne : "Il faut basculer d'une politique des soins à une politique de prévention"
Alain Chabrolle, vice-président de France Nature Environnement, a expliqué, lundi sur franceinfo, que les Directions régionales de l'environnement, de l'aménagement et du logement (DREAL) manquent de moyens pour contrôler les incinérateurs.
La communauté d'agglomération de Melun Val de Seine en Seine-et-Marne est jugée, à partir du lundi 27 novembre, à Paris pour "mise en danger d'autrui", en raison de la pollution provoquée par un incinérateur. Pour Alain Chabrolle, vice-président de la fédération France Nature Environnement, les Directions régionales de l'environnement, de l'aménagement et du logement (DREAL) manquent de moyens pour contrôler ces établissements. Il a demandé, lundi sur franceinfo, "qu'il y ait beaucoup plus de jours disponibles sur le terrain et qu'on recrute plus de personne".
franceinfo : Ce type d'incinérateur existe-t-il encore en France ou alors était-il défectueux ?
Alain Chabrolle : Malheureusement, le cas des incinérateurs obsolètes a concerné toute la France, comme à Passy en Haute-Savoie qui était un cas analogue. Ce procès a vraiment valeur d'exemple, parce que nombre de décideurs, à l'époque, n'ont pas du tout privilégié les enjeux de santé-environnement. Il est important en procès d'établir les relations de cause à effet. Ce procès est donc important. On peut évidemment regretter la longueur des délais qui, pour des malades, ne sont pas concevables. Cela pose bien l'enjeu, très concret, des perturbateurs endocriniens.
Dans le cas de Melun, on s'aperçoit que le rejet des dioxines atteint des taux bien supérieurs à la norme.
Bien sûr. On sait aussi que ces produits, à des doses beaucoup plus faibles, mais répétées, ont des effets très forts de perturbation des fonctions hormonales. Cela affecte la reproduction et développe des maladies chroniques. C'est prouvé pour les dioxines. Avec ce procès, on veut souligner un certain nombre de choses importantes comme le manque de moyens d'inspection dans les DREAL [Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement], qui surveillent ces établissements industriels. On demande à ce qu'il y ait beaucoup plus de jours disponibles sur le terrain et qu'on recrute plus de personnes.
La première plainte est déposée en 2003. Pourquoi s'est-il passé beaucoup de temps avant qu'on ne vérifie ce qui s'était produit ?
Ce n'est pas normal. Il faut mettre des moyens beaucoup plus importants pour le suivi de ce type d'établissement. On demande aussi à ce que la démocratie environnementale locale, à travers les commissions de suivi de site, soient vraiment effectives. Il faut vraiment les redynamiser. Enfin, il faut basculer d'une politique des soins à une politique de prévention, d'anticipation et de mise en place des technologies propres et sûres.
Est-ce que les incinérateurs propres et sûrs existent ?
Un incinérateur, malgré tous les efforts techniques, va continuer à projeter un certain nombre de substances. La très grande majorité le fait maintenant dans le respect des normes. En revanche, à France Nature Environnement, on est plutôt favorables à la mise en place de toutes les politiques qui permettent de minimiser ce type d'équipement. On est favorables à ce qu'on appelle l'économie circulaire, c'est-à-dire en faisant le moins de déchets possibles, et ceux que l'on produit, qu'on puisse les recycler.
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