Pollution : les plus pauvres et les plus vulnérables sont aussi les plus exposés, selon une étude européenne
Les régions d'Europe de l'Est et d'Europe du Sud qui affichent des taux de chômage plus élevés et de scolarisation plus faibles que la moyenne, sont plus exposées aux particules fines (poussières, fumée, suie, pollen...) et à l'ozone, selon l'Agence européenne de l'Environnement.
Plus vous êtes pauvre ou vulnérable – enfants, seniors –, plus vous êtes exposés à la pollution de l'air et sonore. C'est la conclusion d'un rapport de l'Agence européenne pour l'Environnement, publié lundi 4 février. "De manière générale, plus vous êtes pauvre en Europe, plus les risques sont élevés de vivre dans une zone avec une mauvaise qualité de l'air", a expliqué le directeur de l'AEE Hans Bruyninckx lors de la présentation du rapport à la presse, à Bruxelles.
L'agence de l'UE, dont le siège est situé à Copenhague (Danemark), publie pour la première fois en vingt-cinq ans d'existence une "analyse exploratoire" de la relation entre inégalités socio-économiques et inégalités environnementales, d'où elle tire comme conclusion le besoin de politiques coordonnées. "La santé des citoyens européens les plus vulnérables reste affectée de manière disproportionnée par les risques" liés à la pollution de l'air et à la pollution sonore, ou encore les températures extrêmes (froid ou chaud), met en garde l'AEE.
L'Europe de l'Est particulièrement concernée
Ainsi certaines régions d'Europe de l'Est (situées en Pologne, Hongrie, Roumanie ou Bulgarie) et du sud de l'Europe (en Italie, en Espagne, au Portugal et en Grèce), qui affichent des taux de chômage plus élevés et de scolarisation plus faibles que la moyenne, sont plus exposées aux particules fines (poussières, fumée, suie, pollen...) et à l'ozone. Dans ces mêmes régions d'Europe, la vulnérabilité de ces populations, qui a aussi une moyenne d'âge plus élevée, "peut réduire les capacités individuelles à répondre à la canicule, et donc avoir des résultats négatifs en matière de santé", ajoute l'agence.
Et si les zones urbaines de l'UE, plus riches, souffrent de la pollution au dioxyde d'azote (NOx, rejeté notamment par les moteurs diesel), là encore "dans ces régions ce sont toujours les communautés les plus pauvres qui tendent à être exposées à des niveaux locaux plus élevés". Ces inégalités ne sont qu'"en partie" prises en compte dans les politiques environnementales actuelles de l'UE, estime l'AEE. "Les politiques de l'UE n'exigent pas explicitement d'actions spécifiques de la part des Etats membres pour réduire les inégalités dans l'exposition et la vulnérabilité", notent les auteurs du rapport.
L'agence salue tout de même certaines réponses jugées "efficaces" pour lutter contre ces différents types de risques environnementaux. Elle cite notamment la gestion du trafic routier (par exemple dans la ville belge de Gand qui a interdit la voiture dans son centre), ou l'encouragement à la marche (Malmö en Suède et Edimbourg au Royaume-Uni en font la promotion pour conduire les enfants à l'école) et du vélo. Ou encore les logements de bonne qualité, notamment en matière d'isolation y compris pour lutter contre la chaleur.
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