Que se passe-t-il dans les eaux de la plage d'Aytré, interdites à la baignade ?
Drapeau rouge ! L'eau de mer de la plage d'Aytré est polluée par la bactérie Escherichia coli et des bactéries du genre Enterococcus. Depuis un durcissement de la législation française il y a cinq ans abaissant le seuil de tolérance à 1.000 bactéries pour 100 ml d'eau, cette pollution épisodique a déjà contraint Alain Tuillière, le maire de la petite commune de 9.000 habitants, à signer plusieurs arrêtés d'interdiction de baignade. Ainsi, en 2017, la plage a été fermée durant un mois. Cet été, elle le sera durant toute la saison.
L'élu a tout tenté pour trouver les raisons de cette pollution, mais le mystère reste entier. "La qualité des eaux de baignade est suivie depuis les années 1980 à Aytré comme ailleurs", rappelle Frédéric Le Rallier, responsable du pôle public et santé environnementale de l'Agence régionale de santé (ARS) à La Rochelle. "Mais Aytré est la seule commune de Charente-Maritime à avoir encore des problèmes".
"Je ne sais même plus combien nous avons pu mener d'études depuis les années 2000", soupire Jacques Garel, ancien adjoint au maire chargé du patrimoine. "Nous avons multiplié les recherches, les études et les observations avec la communauté d'agglomération de La Rochelle et le département. On a contrôlé tout ce qui vient de terre, du sous-sol et de la mer. On n'a rien trouvé".
Voir également : Comment sont contrôlées les eaux de baignade ?
Des campeurs aux mouettes, toutes les pistes semblent avoir été explorées…
Réseau d'assainissement, réseau pluvial, nappe phréatique, marais humide et campings ont été vérifiés. Même les maisons qui bordaient la plage avant le passage de la tempête Xynthia, rachetées par l'Etat et rasées depuis, mais aucune pollution n'a été mise en évidence. De plus, "il s'agit d'un phénomène aléatoire", relève le maire.
Mystère supplémentaire, la consommation des huîtres élevées dans la baie n'a jamais été remise en cause. "On n'a reçu aucune alerte des services vétérinaires", dit Frédéric Le Rallier.
Les pistes les plus improbables ont aussi été explorées : à trois kms au nord, le port de plaisance de La Rochelle, le plus grand d'Europe, a été un temps dans le collimateur. "Mais le cône de déjection créé par les courants passe plus au large", soupire le vice-président de l'Agglomération rochelaise en charge du tourisme, Jean-Louis Léonard (LR). "Aucune pollution particulière n'a été constatée dans son chenal d'accès."
Même les mouettes ont été soupçonnées : l'entrée de la baie d'Aytré leur sert de zone de repos et l'origine du colibacille serait "plutôt d'origine animale", pense l'élu. Mais aucune étude ne démontre formellement la culpabilité des volatiles. "D'autant que des pics de pollution ont été mesurés quand elles n'étaient pas là."
Une étude sur trois ans
La municipalité et l'agglomération ne désarment pas. La qualité de la vase qui recouvre la baie d'Aytré va être étudiée pendant trois ans par des universitaires de La Rochelle.
De plus en plus de regards se tournent vers le profil géographique de cette baie, très plate, très vaseuse, où les courants entrent peu et renouvellent peu l'eau de mer. "Dans le nord de la France, il existe des cas de pollution similaires, sur des plages très plates", souligne ainsi le responsable de l'ARS.
"Il faut trois années de relevés positifs pour rouvrir une plage", relève Frédéric Le Rallier. "La baignade pourrait être ré-autorisée en 2021".
avec AFP
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