: Reportage Paris expérimente un bitume anti-bruit pour diminuer la pollution sonore de la circulation
Troubles du sommeil, tension artérielle, stress : le bruit cause, chaque année en Europe, plus de 10 000 morts prématurées. Les grandes villes, notamment, cherchent de nouveaux moyens de lutter contre le bruit en ville. Par exemple, un bitume antibruit, un revêtement phonique, expérimenté dans plusieurs rues de Paris.
Depuis cinq ans, ce bitume recouvre 200 mètres de la rue Lecourbe dans le 15e arrondissement de la capitale. Il cache des microporosités qui absorbent une partie du bruit de roulement des pneus. Pas de quoi convaincre cette riveraine, comme beaucoup d'autres : "Je n'y ai jamais prêté attention. Le frottement est le même, ce n'est pas spectaculaire."
Moins trois décibels après la pose
Et pourtant, ce revêtement phonique est efficace. Il l'a surtout été dans l'année après la pose : moins trois décibels, explique Dan Lert, adjoint à la mairie de Paris chargé de l'environnement : "Moins trois décibels de frottement sur le bitume, ça veut dire qu'en façade, par exemple quand vous ouvrez votre fenêtre, vous avez deux fois moins de bruit. Là, on est en train de regarder dans le temps comment ce revêtement fonctionne et comment il s'use. Il y a une atténuation mais ce n'est qu'une atténuation : au bout d'un an vous avez encore des effets, bien entendu."
Solution prometteuse donc mais perfectible. Surtout qu'elle ne s'attaque pas aux moteurs ou autre bruit de la circulation. D'où le travail de Cécile Régnaut, architecte, chercheuse à l'école d'architecture de Lyon. Elle planche, en ce moment, sur un projet de quartier à Asnières-sur-Seine, près de Paris : "On a un site magnifique mais il y a une 4x4 voies devant."
Créer des barrières sonores avec les bâtiments
Pour régler le problème, parmi les solutions : l'agencement des immeubles et de leurs façades : "On essaye de travailler sur la manière dont le son va se propager ou pas. On va essayer de créer des barrières sonores avec les bâtiments, pour pouvoir créer des poches de silence dans les cours intérieures, par exemple."
"Sur une façade très parallèle, très lisse, le son va rebondir plusieurs fois : on évite ce genre de choses. L'idée c’est de travailler aussi des façades végétales qui ont ce pouvoir absorbant."
Cécile Régnault, architecteà franceinfo
Crucial également, le relief des terrains : "L'exemple ce serait un parc où on voit qu'il y a des petits vallons, qu'on peut recréer artificiellement pour que le bruit s'infiltre le moins possible. Il va être piégé par ses vallons." Réflexions désormais habituelles pour tout nouveau projet. Quant à ceux qui vivent dans des immeubles anciens, profitez de l'enjeu de la rénovation énergétique, conseille Cécile Régnaut, certains isolants thermiques permettent aussi de se couper du brouhaha de la ville.
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