Selon une experte en toxicologie : "il y a une pollution plus importante dans les couloirs du métro qu’à l’extérieur"
Selon Francelyne Marano, spécialiste en nanotoxicologie, l'air dans les stations de métro est bien plus pollué que dehors.
"Il faudrait reconsidérer les normes d’exposition à l’aune de ce que l’on sait actuellement sur les effets des particules." Francelyne Marano, professeur émérite à l'université Paris-Diderot et spécialiste en nanotoxicologie était l'invité ce lundi de franceinfo. La CFDT dépose cette semaine un recours devant le Conseil d’Etat pour revoir les normes d’expositions des travailleurs dans les gares, les métros et les tunnels.
franceinfo : A-t-on une idée de l’ampleur de la pollution supplémentaire présente dans les tunnels souterrains des transports ?
Francelyne Marano : Oui, effectivement, il y a une pollution plus importante, en particulier particulaire, dans les couloirs du métro qu’à l’extérieur. Ce n’est pas la même composition au niveau des particules. Il y a des particules plus grosses que celles qu’on observe dans l’air extérieur. Ce sont des particules plutôt métalliques associées aux freinages. Elles peuvent effectivement poser des problèmes respiratoires. Mais le problème le plus important à régler dans toutes les enceintes closes ferroviaires, c’est celui des travaux, en particulier les travaux de nuit, avec des engins alimentés par du diesel.
Comment faire baisser ce niveau de pollution ? Remplacer les machines par du matériel électrique serait-il un bon début ?
Oui, absolument, ce serait un premier pas pour faire baisser le niveau de pollution pendant ces travaux où on peut avoir des niveaux très largement supérieurs à ce qui est autorisé dans l’air extérieur. Il faut savoir qu’il y a toujours des différences avec les normes d’exposition à l’extérieur parce que ça touche toute la population, notamment les bébés et les personnes fragiles pendant toute la journée. Alors que pour les travailleurs, l’exposition est limitée dans le temps et on considère qu’ils sont en bonne santé. Personnellement, je suis favorable, comme la CFDT, à un changement de ces normes règlementaires pour les travailleurs. Il faudrait les revoir, elles sont anciennes.
Quels sont les risques sur la santé ?
Les échappements diesel dans le cadre des travaux qui sont faits dans les couloirs et les souterrains sont les plus problématiques. Ils sont classés comme cancérigène certain donc c’est à ce niveau qu’il faut intervenir. Pour le reste, il faut traiter l’usure des pneus, l’usure des freins comme le fait la RATP, mais ce sont des particules beaucoup plus grosses qui posent moins de problèmes.
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